NUMÉRO 196 | REVUE QUADRIMESTRIELLE | avril - octobre 2024 |
Auteur | Titre de l'article | Título del artículo |
Equipe de SOS Psychologue | Editorial | Editorial |
Pioton-Cimetti, E. Graciela | La synchronicité | Sincronicidad |
L'interprétation des rêves | ||
Bernard, Hervé | Le hasard | |
Le groupe d'analyse de rêves | ||
de Pierrefeu, Jacqueline | Le hasard | |
Noir, Marie-Christine | Propos sur le hasard | |
Hommage à Graziella | ||
Equipe de SOS Psychologue | Séance d'analyse de rêves de janvier 2025 |
Ce numéro comprend 4 rubriques principales :
Le « hasard » est le premier thème, qui n’a pas été choisi, par E. Graciela Pioton-Cimetti de Maleville, présidente de SOS Psychologue. Elle nous a malheureusement quitté le 31 janvier 2023, mais souhaitait que son œuvre, notamment au travers de l’association, continue : faire connaître au plus grand nombre la psychologie et ce qu’elle peut apporter pour une meilleure compréhension de soi-même ou en terme de soutien psychologique, et notamment la psychologie analytique de Jung. Pour illustrer le thème du hasard, l’équipe de SOS Psychologue a choisi un écrit de Graciela sur la synchronicité, car c’est un concept novateur de C. G. Jung, qui répond à la notion de « hasard ». Pour Freud, mais surtout pour Jung, l’interprétation des rêves est la « voie royale » d’accès à l’inconscient, le thème choisi pour la rubrique « à propos de Jung » est tout naturellement : « Les rêves » La citation de Jung pour ce numéro :
« Je ne suis pas ce qui m'est arrivé, je suis ce que je choisis d'être. »
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Ceci est l'une des conceptualisations les plus difficiles de Jung. Il s'agit de la coïncidence acausale de deux séries de faits significatifs intimement reliés entre eux. D'où que Jung observât de telles coïncidences significatives dans la vie d'une personne, comme le révélaient ses rêves, il semblait avoir un archétype activé dans l'inconscient. Il paraissait que l'archétype sous-jacent se manifesterait simultané-ment dans les faits internes et ex-ternes. Le dénominateur commun était un message inespéré229.
De l'alchimie, Jung tira le concept selon lequel, si le Soi s'exprimait à travers une forme crûment minérale – la pierre –, elle pourrait être un chemin d'investigation des relations encore inexpliquées entre la psyché inconsciente et la matière, un mystère que la médecine psychosomatique s'attache à résoudre par un effort constant et ininterrompu. En créant le concept de synchronicité, Jung ébauche un chemin nous permettant de pénétrer plus profondément dans les interrelations entre la psyché et la matière. Et cette relation semble précisément pointer vers le symbole de la pierre. Mais ce n'est pas encore un domaine totalement ouvert ou exploré. Les futures générations de psychologues devront s'occuper de lui. La synchronicité est avant tout un facteur « formel », un « concept empirique » qui postule un principe nécessaire pour une connaissance qui embrasse la totalité des phénomènes et qui rejoint, en tant que quatrième élément, la triade connue de l'espace, du temps et de la cause. Jung explique l'émergence de tels phénomènes synchronisés par : « Un savoir a priori, existant et agissant dans l'inconscient. » Ce savoir s'appuie sur une ordonnance coordonnée, soustraite à notre volonté, du microcosme avec le macrocosme et où les archétypes ont le rôle d'agents actifs dans cette mise en accord entre le microcosme et le macrocosme. C'est la coïncidence pleine de sens d'une image intérieure avec un succès extérieur qui constitue l'essence du phénomène de synchronicité. Cela apparaît l'évidence, ici, aussi bien de l'aspect spirituel que du corpomateria de l'archétype. L'archétype est ce qui, par sa charge énergétique élevée ou son action minutieuse, provoque, chez celui qui le vit, cette émotion produisant une chute relative du niveau mental, condition préalable pour que puissent surgir et être expérimentés de tels phénomènes de synchronicité. On peut aussi dire avec Jung que l'archétype est le fait reconnaissable par introspection de se trouver psychiquement, a priori, disponible. Jung a déduit ce concept de synchronicité de plusieurs éléments. L'un d'eux, très important, est sa fréquentation assidue de la pensée chinoise, que montrent ses études avec Wilhelm sur Le secret de la fleur d'or, Le livre des morts tibétain et le Yi king. Sur le Yi king, Jung écrit dans le prologue du Secret de la fleur d'or : « À l'occasion de sa première conférence sur le Yi king au club psychologique de Zurich, Wilhelm démontra, à ma demande, la méthode pour consulter l'oracle et il établit un pronostic qui, en moins de deux ans, s'accomplit au pied de la lettre, et avec toute la clarté désirée. Ce fait pourra être confirmé par beaucoup d'expériences parallèles. » La pensée qui se révèle dans le principe de synchronicité et qui atteint son sommet dans le Yi king est en somme l'expression la plus pure de la pensée chinoise. Entre nous, cette pensée a disparu de l'histoire de la philosophie depuis Héraclite, jusqu'à ce que nous en percevions à nouveau avec Leibniz un lointain écho. Mais elle ne s'était pas éteinte durant l'intervalle qui se déroula à l'ombre de la spéculation astrologique et elle demeure encore à ce niveau. « Toute la spéculation tourne autour du concept de Tao que Wilhelm a traduit par sens, chemin et que les Jésuites ont traduit par Dieu. Le Tao peut se traduire aussi comme signifié. Lao-Tseu l'appelle le rien pour insister sur son opposition au concept de réalités. Le concept de Tao domine la philosophie chinoise et remplace le critère occidental de causalité. » « Wilhelm le découvre comme un concept au-delà du monde des phénomènes. Ici, les contraires s'annulent, mais ils continuent à exister potentiellement. Wilhelm continue : maintenant ces germes insinuent quelque chose qui, en premier lieu, correspond au visible, un peu comme une image ; en second lieu, quelque chose qui correspond à l'audible, à la manière de la parole ; en troisième lieu, quelque chose qui correspond d'une certaine façon à l'extension de l'espace, à la manière de la forme. Mais cette trinité n'est pas clairement définie, c'est une unité qui n'est pas spatiale : il n'y a ni haut, ni bas, ni temporalité. Il n'y a pas d'avant ni d'après. » D'autres sources conceptuelles de Jung sur la synchronicité se trouvent dans les études sur les phénomènes parapsychologiques, réalisées par Rhine et la télépathie, la prescience, la prémonition, etc. qui, soumises à une sévère critique, laissent ouvert le concept de relativisation du temps et de l'espace. « De nouvelles stimulations, venant de Kemmerer, avec sa théorie mathématique des séries et les nouvelles conceptualisations de la physique contemporaine, font revenir aux conceptions de Leibniz sur l'harmonie préétablie et de Schopenhauer sur la simultanéité de ce qui n'est pas connexe causalement. » Jung trouve des précurseurs de sa synchronicité dans Théophraste (371-287 av. J.-C.), dans Filon (25 av. J.-C. -42 apr. J.-C.), dans Pic de la Mirandole (1463-1494), dans Zoroastre, mais fondamentalement chez les alchimistes : Agrippa, Paracelse et aussi Keder. Jung souligne que le concept de synchronicité entraîne une relativisation des concepts d'espace et de temps. « Ils sont, pour ainsi dire, élastiques en ce qu'ils peuvent se réduire à volonté. » Dans la disposition spatiale, ce qui est expérimenté est l'espace dans le temporel et le temps, qui se réduisent pratiquement à zéro. En d'autres termes, il paraît que l'espace et le temps dépendent de conditions psychiques et qu'ils n'existent pas en soi, mais qu'ils ont été « mis » par la conscience. Dans les conceptions du monde de l'homme primitif, l'espace et le temps sont des questions hautement douteuses. Seulement dans le cours de l'évolution intellectuelle ils sont parvenus à être des concepts « achevés » et, comme tels, à l'origine de la nécessité de mesurer. En soi, l'espace et le temps ne consistent en « rien ». Ce sont des concepts hypostasiés provenant de l'activité consciente et ils forment les coordonnées indispensables à la description de la conduite des corps en mouvement. Par conséquent, ils sont essentiellement d'origine psychique. C'est pourquoi : « La possibilité se présente quand la psyché n'observe pas des objets extérieurs, mais s'observe elle-même comme objet. » « Les événements synchroni-tiques se basent sur la simultanéité de deux états psychiques différents. L'un d'eux est le normal et le probable, causalement explicable ; l'autre, l'expérience critique, c'est le stade qu'il ne convient pas de déduire du premier. » C'est pour cela que Jung définit, ainsi, la synchronicité : « Un contenu inespéré qui se lie immédiatement ou médiatement avec un événement objectif externe et coïncide avec l'état psychique ordinaire. » « Ces images, qu'elles soient ou non enracinées avec des fondements existants se trouvent dans une relation d'analogie ou d'équivalence ; c'est-à-dire de signifié avec des événements objectifs qui n'ont avec elle aucune relation causale reconnaissable ou même concevable. » « Le phénomène de la synchronicité comprend, en conséquence, deux facteurs : 1) Une image inconsciente qui entre dans le conscient directement, littéralement, ou indirectement, symbolisée ou insinuée, comme rêve, occurrence ou prémonition ; 2) Une situation objective qui coïncide avec ce contenu. » Sir James Jeans compte, parmi les succès sans cause, la désintégration radioactive. Il dit ainsi : La désintégration radioactive s'est présentée comme un effet sans cause suggérant l'idée que les lois ultimes de la nature ne sont peut-être pas causales. Jung insiste : « La synchronicité n'est pas une opinion philosophique, mais un concept empirique qui postule un principe nécessaire pour la connaissance. Cela ne peut pas être appelé matérialisme, ni non plus métaphysique. Aucun homme de science sérieux n'affirmera que la nature de ce qui s'observe ou la nature de l'observateur, c'est-à-dire la psyché, soient des choses connues et reconnues. Si les ultimes conclusions des sciences naturelles se rapprochent d'un concept unitaire de l'être, qui se caractérise d'une part par l'espace et le temps, et d'autre part par la causalité et la synchronicité, cela n'a rien à voir avec le matérialisme. Auparavant, il semble se présenter, ici, l'opportunité d'éliminer l'impossibilité de mesure entre l'observateur et l'observé. Dans un tel cas, le résultat serait une unité de l'être qui nécessiterait pour s'exprimer un nouveau langage conceptuel, à savoir un langage neutre, comme l'a appelé en certaines occasions Wolfgang Pauli. L'espace, le temps et la causalité, la triade de l'image physique classique du monde, se complémenteraient avec le facteur synchronicité et se convertirait en un ensemble à quatre éléments qui rendrait possible un jugement intégral. » Les schémas nºs 22 et 23 (voir chapitre Illustrations) appartiennent à Jung. Déjà octogénaire, il consacre de longues méditations au problème des soucoupes volantes, les OVNI, du point de vue psychologique. Comme résultat il publie Un mythe moderne et il avertit en tout état de cause : « Il serait ridicule de ma part de dissimuler au lecteur que ce type de réflexion n'est pas seulement extrêmement impopulaire, mais encore très mal vu, étant donné qu'elles rappellent d'une façon inquiétante ces nuages fantasmagoriques qui obscurcissent le cerveau des augures et des faux prophètes. » 1 : Publié dans « Aspects psychosociaux de Carl Gustav Jung » (ch. « Investigations dans les limites ». |
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Doctora E. Graciela Pioton-Cimetti
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Qu’est-ce que le hasard ?
Il serait judicieux de s’intéresser à sa définition certes, et le sens qui a pu y être donné au travers des civilisations, de l’histoire, des courants de pensée, de la psychologie, en particulier de la psychanalyse. Etudions d’abord le hasard dans le monde physique, avant de nous intéresser à l’espace psychologique, dans la mesure où ces deux territoires seraient bien séparés et sans lien entre eux. Mais n’oublions pas que pour l’homme rationnel, tout postulat a priori peut être discuté, remis en question, renversé par l’expérience, par une analyse plus fine des phénomènes. Toute théorie ne pourra être toujours qu’une approximation de la réalité, ne durera qu’un temps jusqu’au développement d’une théorie plus adaptée. L’homme par la volonté peut agir sur le monde physique, donc à la base ils ne sont pas totalement séparables Le hasard me semble initialement lié à la notion d’événement imprévu, fortuit, inattendu. Il s’agit d’un fait, d’un événement que la raison, les connaissances, la culture ne peuvent expliquer. Une définition courante propose : « Cas, évènement fortuit, concours de circonstances inattendu et inexplicable ». Dans les temps anciens, le hasard était la plupart du temps relié au religieux, à des forces suprahumaines, à des éléments qui nous dépassent, ou simplement à la fatalité (cela se passe ainsi, sans explication aucune, comme un fait de la réalité sur lequel l’homme n’a pas de prise : c’est le « fatum » romain). Au fur et à mesure de l’histoire humaine, les techniques, les connaissances, les savoir-faire se sont développées et se sont perfectionnées, en général à côté du religieux, avec parfois des tensions, probablement en raison de guerres et de conflits de pouvoir. Par exemple Copernic et Galilée ont soutenu avec difficulté contre le catholicisme que la terre tournait autour du soleil, en contradiction avec le traditionnel géocentrisme d’Aristote). Mais progressivement la science a acquis ses lettres de noblesse, son propre territoire et a permis d’expliquer de nombreux phénomènes et si elle ne pouvait pas le faire, c’est parce qu’elle n’était pas assez avancée. Notons qu’en général elle a cantonné le religieux à la sphère des esprits, du spirituel, mais parfois la coexistence est plus complexe. C’est pourquoi l’homme de la rue a tendance à penser que le hasard est dû au fait qu’il ne dispose pas de toutes les informations pour expliquer l’occurrence d’un événement ou qu’un phénomène inconnu de la science est en jeu. Mais que penser de la théorie des probabilités ? Les scientifiques ont tendance à prétendre que les probabilités correspondent à une méconnaissance des forces en présence, d’autres peuvent y voir la main de Dieu, l’homme de la rue n’y prête pas trop attention et considère qu’il n’y peut rien. Si les sciences physiques et les techniques se sont développées depuis des siècles et même des millénaires, permettant à l’homme à mieux maîtriser son environnement, améliorer sa qualité de vie et sa longévité, l’étude de la psychologie n’a véritablement démarré, par des méthodes scientifiques, qu’au 19ème siècle, notamment avec Freud. Les grands maîtres de la psychologie se sont appuyés sur leur pratique clinique pour comprendre les faits psychiques, tout particulièrement ses dysfonctionnements et les pathologies. Les fous d’hier sont devenus des patients, atteints de différents types de névrose ou de psychose, à des niveaux variables, accessibles à différents types de thérapies :
Mais que devient le hasard dans la sphère psychique ? Le hasard est souvent perçu comme un phénomène perturbateur dans son environnement quotidien, qu’on a tendance à esquiver, contourner, surmonter afin de poursuivre l’action en cours, avant d’y voir la main d’une quelconque intelligence. Tout être développe sa vie, au-delà de ses besoins vitaux (se nourrir, se protéger, se socialiser) autour de projets, qu’ils soient professionnels, personnels, affectifs ou d’affinités, parfois sous le coup du hasard, mais en général d’une manière construite, en fonction de ses propres capacités (cognitives, physiques, sensitives caractérielles) et des possibilités offertes par l’environnement. L’homme apprend à force d’expérience, de travail, de réflexion à anticiper le hasard et à le minimiser autant que possible, afin de mieux préserver son équilibre psychologique, ce qui signifie qu’il doit apprendre à comprendre sa psychologie et à en minimiser ses aspects négatifs, parfois au prix de conflits laborieux et de souffrances. Il peut nécessiter toute une vie pour identifier un trait de caractère qui nuit à notre évolution et à réussir en limiter les effets avant de le maîtriser autant que possible. Mais chacun observe qu’il est difficile, voire impossible de maîtriser parfaitement la trajectoire qu’on s’est donné pour atteindre ses objectifs, entre fonder une famille, monter dans la hiérarchie sociale (« réussir »), réaliser un projet, simplement asseoir son équilibre personnel sur la réalisation d’une passion (artistique, humanitaire, spirituelle…)... Doit-on accepter l’occurrence du hasard, a priori ni négative, ni positive, mais plutôt vue comme négative, car créant des difficultés et nécessitant des efforts et une perte de temps pour retrouver une position précédente, rassurante, comme une fatalité sur laquelle on n’a pas de prise? La psychologie et la psychanalyse ont largement montré qu’un travail sur soi, seul ou avec un psychothérapeute, permettait de mieux gérer ses traits névrotiques, son équilibre intérieur et ainsi de mieux affronter la vie et que l’inconscient jouait un rôle fondamental dans l’équilibre psychologique et sa dynamique, l’homme étant perpétuellement exposé à des aléas imprévus. La première topique freudienne donne une bonne représentation de la structure psychique d’un individu, en trois parties :
Donnons quelques exemples du hasard dans l’espace psychologique :
La psychologie analytique de Jung a défini la notion d’inconscient collectif, partagé par tous les êtres vivants et constitué de toute l’histoire philo-ontogénétique de l’humanité. Le hasard pourrait ainsi être vu comme un élément vivant et dynamique d’une fonction spécifique de l’inconscient, relié au monde physique, avec ses lois propres :
Ce qu’il faut retenir, c’est qu’il est possible de donner un sens au hasard. Cette posture psychologique, cette écoute de soi-même et de son environnement nécessitent une certaine maturité d’évolution, ou parfois peut émerger à l’occasion d’accidents et chocs dans la vie, car écouter et comprendre l’éventuel message du hasard nécessite un effort, de la volonté, de la persévérance face à des forces intérieures (conscience, inconscient personnel) naturellement conservatrices (l’homme a besoin de points de repère stable). Parfois l’explication n’est pas immédiate et il faut simplement prendre conscience d’un message possible et l’intégrer dans son schéma psychique et mémoriel pour qu’un sens apparaisse ultérieurement, voire beaucoup plus tard. C’est un peu comme un puzzle où la mémoire peut jouer un rôle essentiel. La plupart du temps le hasard est vu comme un événement inattendu, qui focalise notre attention, mais auquel la conscience n’envisage aucun sens particulier dans l’immédiat mais qui interpelle. Notre instinct nous incite à faire un stop de la conscience. Notre humeur peut l’écarter de notre champ de conscience, sans ménagement, parfois tout cela plus ou consciemment. Tout dépend aussi du degré de conscience de la personne, de l’importance qu’elle accorde aux événements de sa vie, de sa volonté de vouloir progresser, de l’image que se représente la personne de environnement physique et psychique, notamment sa conception du monde. Tout cela interagit avec la tension du moment et le degré d’absorption de la conscience à la réalisation d’autres tâches : le niveau de conscience et la capacité de prendre de la distance par rapport à soi, fluctuent dans la journée, au cours des séquences de sa vie Cela dépend également du type psychique de la personnalité : intravertie ou extravertie. Jung nous a proposé plusieurs concepts où le hasard peut faire sens (cf. définitions en fin de l’article) :
Il n’est pas question de considérer que toute chose, tout événement ont un sens, car je pense qu’il faut faire confiance en la vie, en notre psychisme, croire en la force et la sagesse de l’inconscient pour voir émerger certains faits psychiques ou physique non comme le simple jeu du hasard, mais comme de véritables messages ou lanceurs d’alerte, qui fonctionnent comme des déclencheurs d’un travail de conscience, dont le but est de nous aider dans le chemin de la vie, de voir ce que nous voyons : la réalité d’une constellation psychique, l’existence de nouveaux chemins et terrains à explorer. Je vous propose ainsi une nouvelle lecture de votre vie, en regardant le hasard comme porteur de sens. C’est un chemin souvent difficile, mais qui offre la possibilité de donner un sens à sa vie, car il ouvre à la découverte de la capacité, que je pense, infinie de l’esprit. C’est toujours l’ouverture du champ des possibles, qu’a voulu nous montré Jung dans sa pensée, dans sa pratique et dans la définition de différents concepts. *** Quelques définitions de la psychologie de Jung : Fonction transcendante : C.G. Jung a conçu la fonction transcendante comme étant un moyen de passage et d’échanges entre le conscient et l’inconscient. La fonction transcendante est issue de l’union des contenus conscients et inconscients, et résulte du fait que : « […] l’inconscient se comporte, face à la conscience, dans un mode de compensation et de complémentarité. » Le conscient a besoin de stabilité et s’appuie sur l’expérience acquise pour exercer sa faculté de jugement. L’inconscient, en tant que polarité opposée, a du mal à s’exprimer de manière intelligible. Jung propose d’ouvrir la frontière conscient/inconscient, tout en conservant la stabilité du Moi. L’énergie nécessaire pour que s’exerce la fonction transcendante est générée par la tension entre les contraires. Les échanges entre les opposés se font par l’intermédiaire des symboles, en particulier ceux des rêves. L’analyse, grâce à l’interprétation des contenus symboliques de l’inconscient, est un lieu de passage de la fonction transcendante. Il faut faire preuve de courage pour accéder à soi-même ! N’oublions pas que nous abritons un étranger que nous devons accueillir pour devenir un être complet. [Espace francophone jungien] Synchronicité : Occurrence simultanée d’au moins deux événements qui ne présentent pas de lien de causalité, mais dont l’association prend un sens pour la personne qui les perçoit. Chemin d’individuation : Carl Jung parle de “processus d'individuation” pour désigner le chemin par lequel une personne devient pleinement elle-même, en intégrant toutes les parties de sa personnalité, même celles qu'elle ignore ou rejette. |
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Hervé Bernard
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Dès que j’ai vu le mot HASARD j’ai pensé a synchronicité ; mot que nous utilisions/discutions souvent avec Graciela. J’ai demande à Chat GPT quel était le lien entre ces deux mots. Voici la réponse:
Le hasard et la synchronicité sont deux concepts qui semblent proches parce qu’ils impliquent des événements inattendus ou non planifiés, mais ils ont des significations très différentes, surtout selon les perspectives philosophiques ou psychologiques. Le Hasard Le hasard désigne des événements qui surviennent sans cause apparente, de manière aléatoire, sans intention ou signification particulière. C’est l’idée d’un événement fortuit, imprévisible, sans lien de causalité évident. Exemple : Tu croises un ancien ami en voyage à l’autre bout du monde. D’un point de vue rationnel, c’est un pur hasard. La Synchronicité (selon Jung) La synchronicité est un concept développé par le psychanalyste Carl Gustav Jung. Elle désigne la coïncidence significative de deux événements sans lien de cause à effet, mais qui prennent un sens particulier pour la personne qui les vit. Ce n’est pas seulement une coïncidence, c’est une coïncidence pleine de sens. Exemple : Tu rêves d’un papillon toute la nuit, et au réveil, un papillon se pose sur ta fenêtre. Tu ressens un lien fort entre les deux événements — pas causal, mais symbolique. Le lien entre hasard et synchronicité :
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Jacqueline de Pierrefeu
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Partie I
Le rêve est pour Jung la « voie royale » menant à l’inconscient. Jung professe le plus grand respect à l’égard du songe et de son message. Il révèle à ses yeux l’existence d’un psychisme objectif, d’une sagesse naturelle qui tend à l’autorégulation de la psyché et dont il est la voix
E. Graciela Pioton-Cimetti de Maleville, présidente de l’association SOS Psychologue, nous explique les méthodes de l’interprétation jungienne des rêves et leur spécificité par rapport à l’approche freudienne.
Freud fut le premier à étudier les rêves avec des critères scientifiques : il dut, pour ce faire, se démarquer des deux dogmes alors tout-puissants en ce domaine.
Le premier propre au sentiment populaire – puissant sans doute dans une pensée archaïque – faisait l’hypothèse que le rêve est une manifestation bénéfique ou hostile émanant de pouvoirs supraterrestres, démoniaques ou divins ; le second, dont se réclamait l’immense majorité des médecins et des profanes cultivés, prétendait que les rêves étaient provoqués exclusivement par des stimuli sensoriels ou physiques, agissant de l’extérieur sur le rêveur ou surgissant par hasard au niveau des organes internes.
Selon ce point de vue, le rêve est considéré comme dépourvu de sens et de signification, cvomparable à une série de sons que les doigts d’un profane arracheraient au piano en parcourant le clavier au hasard ; les rêves constituent alors un processus physique totalement inutile et bien souvent pathologique et toutes les particularités de la vie onirique s’expliquent par le travail incohérent que des organes isolés ou des groupes de cellules cérébrales réaliseraient en obéissant à des stimuli physiologique.
Freud réagit contre ces interprétations et ouvrit le chemin de son étude psychologique et clinique.
Le rêve est un phénomène psychique qui, par opposition aux autres faits de la conscience, par sa forme et son contenu significatif, se situe en marge du constant devenir des faits conscients. En tout état de cause, le rêve, en général, semble faire partie intégrante de la vie consciente de l'âme ou plutôt en constitue une expérience externe et apparemment occasionnelle.
Les circonstances particulières de la formation du rêve conditionnent sa situation exceptionnelle ; en d'autres termes, le rêve ne provient pas, comme d'autres contenus de la conscience, d'une continuité totalement logique ou purement exceptionnelle des événements de la vie, mais constitue le résidu d'une étrange activité psychique développée pendant le sommeil.
Cette origine donne sa particularité propre au contenu du rêve, lequel contraste étonnamment avec la pensée consciente.
LES REVES ET L’EQUILIBRE
La fonction générale des rêves consiste à tenter de rétablir notre équilibre psychologique en produisant un matériel onirique qui rétablisse, de manière subtile, tout l'équilibre psychique… Le rêve compense les déficiences de la personnalité et, en même temps, avertit le sujet des dangers de sa vie présente. Celui qui néglige les avertissements contenus dans les rêves peut ainsi faire l'objet de réels accidents.
La plupart des crises de notre vie possèdent une longue histoire inconsciente. Nous avançons vers elles pas à pas, sans nous rendre compte des dangers qui s’accumulent. Ce que nous ne parvenons pas à voir consciemment, notre inconscient le perçoit et nous en transmet l’information au moyen des rêves. Rappelons un cas typique : une femme mariée rêve que son mari la voit sortir d'un hôtel avec un homme. Elle ne fait pas cas de l'avertissement. Les faits se produisent quelque temps après : le mari de la dame ne la voit pas sortir, mais entrer dans un hôtel où un ami abusant de sa confiance l'avait emmenée, ce qui provoque, comme il est logique, une véritable crise au sein du ménage et de terribles complexes de culpabilité chez la femme.
Si les rêves peuvent constituer, très souvent, un signal d’alarme, il s’avère également qu’il n’en est pas toujours ainsi. Ils agissent souvent comme l’oracle de Delphes qui prédit au roi Crésus que s’il traversait le fleuve Halis, il détruirait un grand royaume. Ce n’est que lorsqu’il se trouva totalement vaincu, qu’il comprit que le royaume en question était le sien.
Nous ne pouvons pas nous permettre de traiter les rêves à la légère. Ils ne naissent pas d’un esprit complètement « humain », mais plut^$ot d’une nature totalement déchaaïnée peuplée de belles déesses généreuses, cruelles aussi, plus proche de de l’esprit des mythologies antiques ou des fables des forêts primitives que de la conscience de l’homme moderne. Bien que la méthode d’expoosition des rêves conduit à présenter certains événements, il est presque indispensable de commencer par Freud lorsque l’on étudie les théories et les pratiques jungiennes, car, à notre sens, Jung prolonge, approfondit et donne un caractère universel à la psychanalyse freudienne en la faisant passer d’une technique de traitement des névroses à une voie de construction de la personnalité.
DE FREUD A JUNG
Freud avait observé que le rêve était une « voie royale » pour percer les secrets de l'inconscient. Jung, à son tour, privilégia cette méthode d'analyse des rêves, selon lui, irremplaçable, en y adjoignant, toutefois, les « illusions » constituées par les « fantasmes » et les « visions », pour leur valeur sémiologique. Freud et de ses disciples tirèrent leurs conclusions sur le matériel onirique à partir de la seule méthode des « libres associations » qui constitue, principalement, à laisser parler le patient sur le contenu de son rêve. D’abord, l’analyste divise le rêve en autant de parties que nécessaire pour ensuite amener le patient à préciser ce que lui suggèrent ces différentes parties.
Jung adopte la même technique tout en préférant, toutefois, des associations moins libres, moins souples dans tous les sens du terme, et davantage axées sur le contenu du rêve. Jung parle ainsi du contexte du rêve et de la « méthode d’amplification » de celui-ci. Jung estime que si la méthode freudienne des « libres associations » débouche certes sur des complexes, le monologue du patient ne peut jamais garantir qu’il s’agit précisément du complexe même qui éclairer le sens du rêve.
Ainsi, Jung est amené à intervenir dans le libre jeu des associations du patient, lesquelles acquièrent une signification réelle lorsqu’elles sont reliées à l’inconscient collectif. En effet, lorsque le sujet reçoit en rêve des images collectives, l’analyste jungien se sent alors en terrain commun et s’attribue le droit d’enchaîner. En réalité, il s’agit moins pour l’analyste de s’associer que de fournir au patient le matériel qu’il a rassemblé dans sa recherche de l’inconscient collectif et de pratiquer ainsi des rapprochements objectifs.
Cet aspect du traitement jungien peut être dangereux, comme le souligne un des propres disciples de Jung, le Docteur Roland Cahen qui ne le recommande qu’en dernier recours.
A l’inverse, le silence extrême que s’imposent les analystes freudiens n’est pas non plus exempt de danger car la pratique d’un long monologue peut décourager le patient.
Partie II
L’apport de Jung dans l’étude des rêves est décisif, par sa disinction, à partir d’un principe heuristique fécond et original de deux niveaux d’interprétation aussi valables et possibles l’un que l’autre pour un même matériel : l’un appartenant au « plan de l’objet », l’autre « au plan du sujet ». En voici un exemple : Une patiente désire traverser une rivière lorsqu'elle se voit retenue par le pied par un crabe. Cette malade vit une relation homosexuelle avec une amie et, par asso¬ciation, en vient à penser que les pinces du crabe repré¬sentent l'affection accaparante de son amie. Il s'agit là de l'interprétation depuis le plan de l'objet, mais cette interprétation n'épuise pas le matériel par rapport au sujet lui-même, car le crabe est un animal qui avance à reculons – preuve d'une disposition régressive – et qui est associé au cancer, ce qui donne à penser que la raci¬ne de l'homosexualité est terriblement dangereuse.
La différence d’interprétation entre Freud et Jung est capitale ; cependant, une observation attentive permet de déceler de nombreux points de convergence. En ce qui concerne Freud, nous avons :
1 – le « contenu manifeste » constitué par les images oniriques dont nous nous souvenons au réveil ;
2 – le « contenu latent » formé par les pensées qui tentent d’accéder à la conscience et qui constituent le véritable motif du rêve ;
3 – la « censure », action du « surmoi », qui interdit l’accès au plan de la conscience du contenu latent et le transforme en images anodines.
Les artifices utilisés par les contenus oniriques pour détourner la censure sont les suivants :
1 – la dramatisation : dans le rêve ne figure aucune idée abstraite, mais des images concrètes sans souci de traduction logique ;
2 – la condensation : elle apparaît dans le « contenu manifeste » et consiste à réunir dans une seule personne plusieurs personnages ou éléments lui appartenant ;
3 – le dédoublement ou multiplication : il s’agit d’un phénomène inverse de celui de la condensation ; ici, par exemple le caractère d’un ami se retrouve chez un autre sa voix dans une troisième, ses occupations dans une quatrième, etc.
4 – le déplacement : c’est le processus le plus important de la déformation du rêve qui consiste à substituer une image du contenu manifeste par une image du contenu latent. Par exemple, si une personne hait profondément une autre, par déplacement celle qui haïra ne sera plus le rêveur, mais une tierce personne, sans rapport avec lui ;
5 – l’inversion chronologique : présentation sans ordre temporel réel ;
6 – la représentation de l’opposé qui apparaît lorsqu’une personne, désirant par exemple être aimée, rêve que la personne aimée lui est indifférente ;
7 – la représentation par le détail : dans ce cas, un acte intensément désiré, comme par exemple de déshabiller une femme, est substitué dans le rêve par celui de lui enlever une boucle d’oreille ;
8 – la représentation symbolique : nous abordons là une des différences essentielles entre Freud et Jung. Pour Freud, le symbole est, selon Angel Garma, « une forme spéciale du déplacement, c’est-à-dire qu’un objet ou un acte n’apparaît pas dans le contenu manifeste comme tel, mais représenté au moyen d’un symbole. » Le symbole ne serait, alors, pour Freud, qu’un « signe » ou un symptôme.
Cette interprétation nous conduit à considérer les rêves sous l’angle d’un systèmes à deu piles ; un signifianty et un signifié, et l’essentiel de l’interprétation consiste à remplacer l’(un par l’autre. Cependant, les choses ne sont pas aussi simples et Freud, lui-même, a été le premier à signaler la complexité du problème ; notamment au sujet du phénomène de la « condensation » selon lequel les images sont, en général, composées à partir d’éléments divers et mélangés. Freud progressa dans sa compréhension du problème en révélant le principe psychologique général de la « surdétermination » où il reconnut implicitement que le symbole n’était pas simplement un système fondé sur deux termes, mais sur plusieurs et dont la signification n’est pas univoque, mais polyphonique. C’est à ce niveau d’analyse que débuta le travail d’approfondissement de Jung. Ce dernier développa le phénomène de la « surdétermination » et le fit progresser considérablement en explorant des zones totalement inconnues pour Freud
L’INTERPRETATION JUNGIENNE
Les différences essentielles entre Freud et Jung concernant les rêves sont les suivantes :
1 – Jung nie que le rêve ne soit qu’une « façade », comme le prétend Freud et se plaît à répéter qu’il constitue une « construction parfaitement achevée ».
2 – Jung, par ailleurs, insiste sur le fait qu’un rêve tout seul est peu significatif et qu’il convient d’analyser une série de rêves.
3 – loin de considérer que le rêve est le « gardien du sommeil », comme l’affirme Freud, Jung estime que son action est fondamentalement « compensatrice » de l’activité consciente. L’inconscient manifeste par le rêve son activité régulatrice et compensatrice de l’attitude consciente. Parce que le rêve apparaît comme un phénomène d’équilibre, il est en même temps correcteur.
Les contenus inconscients ne peuvent pas être « standardisés » dans leur contenu symbolique, parce que ces contenus peuvent recevoir des significations multiples et personnelles en fonction d’abord de la situation vitale et spirituelle du sujet.
Dans son ouvrage Psychologie et alchimie, Jung affirme : « La conscience se laisse domestiquer comme un perroquet tandis que l’inconscient s’y refuse ; si l’analyste et le patient concordent sur une même interprétation, mais se trompent ensemble ; ils seront dans le temps corrigés rigoureusement et inexorablement par l’inconscient qui agit continuellement de manière autonome sur le processus. »
Les rêves ont leurs racines à la fois dans les contenus conscients et inconscients et peuvent avoir une origine somatique. Les rêves ne se répètent jamais sauf en ce qui concerne les rêves « choc » ou les rêves « réaction », qui se reproduisent jusqu’à épuisement du stimulus traumatique qui les a produits et ensuite cessent.
Dans les rêves, il peut arriver :
a/ qu’une situation consciente succède à un rêve en réaction ou compensation, ce qui n’aurait pas eu lieu si le fait n’était pas remonté à la conscience
b/ que le rêve ne corresponde pas à un événement conscient, mais plutôt à une spontanéité inconsciente – le rêve aurait alors une fonction d’équilibre – ou que le rapport du matériel inconscient soit plus important que le conscient.
Dans ces cas, les rêves signifiants peuvent modifier et infléchir le comportement conscient ;
c/ que tout le matériel et toute l’activité oniriques aient une origine inconscientes et provoquent des rêves particuliers et difficiles, mais importants par leur caractère dominateur, leur condition archétypique et leur particularité à se manifester avant l’apparition de maladies mentales.
LES ETAPES DE L’INTERPRETATION
Il est indispensable de connaître l’ambiance et la psychologie du rêveur. Le rêve possède à la fois une fonction compensatrice et prospective. La première régule, la seconde anticipe les possibilités.
L’analyse conduit généralement « au pays de l’enfance » où la conscience rationnelle ne s’est pas encore séparée de l’âme historique et de l’inconscient collectif. Ces incursions répugnent à la conscience et l’invitent à la répression, laquelle accroît l’isolement de la psyché primitive et provoque dans des cas extrêmes le manque d’instinct.
La technique de l’interprétation comporte plusieurs étapes :
a/ description de la situation actuelle de la conscience
b/ description des événements antérieurs ;
c/ réception du contexte subjectif :
d/ recherche des parallèles mythologiques dans les motivations archaïques ;
e/ dans les cas complexes, information par un tiers.
Les contenus de l’inconscient parviennent à la conscience en effectuant le chemin suivant :
a/ abaissement du seuil de la conscience pour que s’évadent les contenus inconscients ;
b/ remontée de ces contenus à travers rêves et visions ;
c/ perception et fixation par la conscience de ces contenus ;
d/ recherche sur la signification de ces contenus ;
e/ insertion du résultat obtenu dans la psyché du patient ;
f/ incorporation et élaboration de la signification trouvée par l’individu ;
g/ intégration de la signification pour la transformer en connaissances instinctives.
LE REVE ET SA STRUCTURATION DRAMATIQUE
Jung perçoit dans le rêve la structure du drame antique avec les éléments suivants :
a/ lieu, temps, personnes ;
b/ exposition thématique ;
c/ péripéties (moelle épinière du rêve) ;
d/ solution. Tout rêve doit comporter une solution.
A défaut, il exprime une évolution négative du rêveur.
Rappelons-nous que Jung utilise, au niveau de l’interprétation, le concept et la méthodologie de l’amplification et non celle de la réduction.
La dynamique des rêves fait ressortir sa finalité en soulignant des faits que le sujet ignore ou désire ignorer et qui sont, par conséquent, allégoriques, c’est-à-dire référentiels.
L’amplification personnelle apporte la signification individuelle et subjective tandis que l’amplification objective transmet par le matériel symbolique la signification collective.
Les rêves où abondent détails et éléments divers expriment avant tout des problèmes individuels ; ceux qui mettent en scène des détails laissent soupçonner l’emprise d’un inconscient non encore différencié, alors que, dans le second cas, il s’agit d’une conscience superdifférenciée qui a acquis son autonomie.
Il existe deux niveaux d’interprétation, l’un subjectif, l’autre objectif.
Dans le premier, l’interprétation est symbolique et s’effectue à partir des données internes auxquelles le rêve fait allusion ; dans le second, l’interprétation est concrète et recueille les images telles qu’elles sont, en considérant qu’elles représentent les configurations de l’attitude du rêveur vers l’extérieur.
Sans son ouvrage, Psychologie et alchimie, Junf affirme en se référant au mécanisme de la projection , particulièrement révélateur : « La projection ne se produit jamais, elle survient ».
Dans Types psychologiques, il la définit comme « la transformation d’un phénomène subjectif dans un objet ». il s’agit du phénomène inverse de l’introjection que Jung décrit également dans cette même étude comme « l’assimilation de l’objet au sujet » ; il rejoint, en cela, les concepts et la nomenclature de Freud et considère que les images du rêve constituent des modalités de l’énergie psychique.
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1 : publié dans les n° 1 et 2 de la revue SOS Psychologue
E. Graciela Pioton-Cimetti de Maleville a créé le concept d’analyse de rêves en groupe il y a plus de 30 ans. A sa connaissance cette prtique de groupe de paroles n’était pas connue dans la communauté des psys (psychothérapeutes, psychologues, psychanalystes). Elle a commencé à mettre en pratique ce groupe de paroles dans le cadre de l’association SOS Psychologue, dont elle était présidente et fondatrice (depuis 1989), en 1994.
Depuis cette date, et surtout récemment depuis environ une dizaine d’années, une simple recherche sur Internet montre que plusieurs psychothérapeutes pratiquent ce groupe de paroles. Il s’agit en général d’un groupe limité en présentiel animé par une psychanalyste jungienne (si Freud a été précurseur dans l’interprétation des rêves avec une méthode scientifique, Jung lui a donné une place essentielle, voire centrale dans sa pratique psychothérapeutique). Mais elle peut aussi être pratiquée en visio ou sur un réseau social. Graciela a toujours veillé à ce que ce groupe soit ouvert à tous, car le rêve est universel et ne constitue en rien l’indice d’un fonctionnement pathologique, mais fait partie du fonctionnement psychique normal de tout être humain. Elle tenait à ce qu’il n’y ait pas de hiérarchie dans le groupe, chaque participant est au même niveau, pour raconter son rêve, poser des questions à un autre rêveur, proposer une interprétation. Traditionnellement la soirée d’analyse de rêves se tenait chaque mois le dernier mercredi de chaque mois de 20h30 à 22h30. Bien sûr la présence de Graciela était essentielle, en tant que garante du bon fonctionnement du groupe, mais surtout compte tenu de son expérience professionnelle de thérapeute et son sens clinique très aigu, car elle trouvait toujours pour chaque rêve une interprétation. Son interprétation après l’intervention d’autres participants faisait naturellement autorité. Mais il m’arrivait de la remplacer en tant que secrétaire et élève de Graciela, quand elle partait en vacances (souvent en Argentine, son pays d’origine), afin de garder le rythme mensuel du groupe. La pause estivale était en général réduite au mois d’août, si bien que chaque année se tenaient 11 soirées de groupe, soit environ plus de 330 soirées de groupe jusqu’à maintenant. Initié avec un de ses élèves, Paul Ruty, elle avait entrepris d’enregistrer la soirée de groupes, afin de retranscrire les échanges, ce qui permettait de garder une trace pour les participants, mais surtout entreprendre une analyse de la série de rêves d’un même réveur, car si pour Jung, interpréter un rêve en particulier était « la voie royale » d’accès à l’inconscient, l’analyse de séquence de rêves représensait un travail très riche sur l’évolution dans le temps du dialogue entre conscience et inconscient. Ce travail est publié régulièrement dans chaque numéro de la revue de SOS Psychologue, mais en rendant les participants anonymes, car la revue est diffusée à la communauté de nos lecteurs, sous forme papier, et sur Internet. Son objectif a toujours été de permettre au plus grand monde d’accéder à la psychologie et aux bienfaits de qu’elle peut apporter, en terme de connaissance de soi-même ou de soutien psychologique (par exemple une psychothérapie). Donc il n’était pas nécessaire de payer sa cotisation pour participer aux soirées d’analyse de rêves. Une somme modique était demandée pour couvrir les frais d’une collation servie et les frais de fonctionnement de l’association, composée uniquement de bénévoles. Sans ordre particulier, chaque participant est invité à raconter un rêve. Graciela a remplacé le travail du rêve entre un patient et un analyste, par un échange entre un rêveur/participant et les autres membres du groupe, qui peuvent proposer une interprétation, poser des questions... En dernier ressort c’est au rêveur de valider une interprétation ou de repartir avec un questionnement pour avancer dans la compréhension de son rêve et de lui-même. Il s’agit d’un groupe de paroles avec des principes communs à tous les groupes de parole :
Jusqu’à fin 2022 Graciela nous a malheureusement quitté le 31 janvier 2023, après plus de 50 ans de carrière professionnelle comme psychothérapeute, sociologue, mais aussi sophrologue… Elle a assuré avec régularité et discipline, mais toujours avec bienveillance, la coordination du groupe. Sa dernière soirée s’est tenue en décembre 2022 et a coïncidé avec son anniversaire, puiqu’elle était née un 18 décembre. Depuis mars 2023 Après son départ, il m’est apparu comme une évidence qu’il était important de continuer son groupe, même si elle ne me l’a jamais demandé explicitement. Mais elle a toujours veillé à communiquer sa foi et son expérience dans le domaine de la psychologie, au travers de nombreuses ouvrages qu’elle a publié, de conférences radiophoniques ou télévisées et du fonctionnement de l’association SOS Psychologue. L’expérience que j’ai acquise auprès d’elle en participant comme secrétaire, rêveur et élève à toutes les soirées de groupe qu’elle a présidé, me conduisait naturellement à reprendre, avec modestie mais confiance, le flambeau. J’avoue que je n’étais pas sûr que cela fonctionne et que j’ai avancé au début avec beaucoup de modestie et d’inquiétude (cela a été une épreuve, au début dans la solitude, tout en gérant un travail de deuil, celui du départ de Graciela, qui m’avait accompagné depuis 1987. Mais les participants reviennent et me font confiance. Je pense que le groupe fonctionne et attire au-delà de la simple interprétation des rêves, il offre aux participants un espace de paroles où chacun peut s’exprimer en pleine liberté et en confiance. Il est devenu une communauté. Avec l’aide de la supervision de Graciela, j’ai pu rencontrer une psychanalyste jungienne d’expérience, qui assure depuis octobre 2023 la supervision de ce groupe. Le nombre de participants à chaque soirée, environ une douzaine (c’est une limite symbolique pour la tenue d’un groupe de paroles dans de bonnes conditions), parfois plus, se partage ente participants très réguliers, occasionnels et à chaque fois des nouveaux participants. J’ai un peu adapté à mes capacités et à ma sensibilité le fonctionnement du groupe, en ajoutant par exemple une mini conférence au début, dans un esprit pédagogique, et, d’un point de vue plus pratique, amener le groupe au silence pour démarrer les interprétations. Je remercie pour leur soutien et leur participation, tout particulièrement :
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Hervé Bernard
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Le hasard ? C’est un mot, une qualification qui m’interpelle, me séduit. Je précise de suite, aux lecteurs, que ma vie a vraiment changé « par hasard ». Ainsi, l’intuition et le hasard m’emmènent ici ou là, et je me sens sereine, car en lien avec mon âme. Bien sûr, je n’ai aucune volonté de vous convaincre que c’est le modèle à suivre, c’est une voie possible, qui vous incite à vivre le présent, sans grande considération pour le passé, ni le futur si incertain. Il convient de considérer mes propos sur le sujet en sachant qu’ils sont sincères et appliqués au quotidien, une façon de vivre et d’avancer sans trop de direction, si ce n’est accepter et savourer le quotidien. Une expérience de vie réalisée par hasard mais pleinement choisie.
Une enfance heureuse, insouciante, choyée par des parents aimants, peu à l’écoute car préoccupés par la réussite sociale. Née dans un milieu catholique où une vague tradition était maintenue sans réelle conviction, grande a toujours été ma curiosité, une multitude de pourquoi et quand on est jeune on cherche une réponse, une certitude ! Aujourd’hui, je les fuis et n’en ai guère. J’ai profité de la vie facile qui m’était proposée, une façon d’être rationnelle et traditionnelle en que je comprenais et j’ai foncée dans la vie active, beaucoup « bossé » : c’était la valeur phare de notre famille. J’ai suivi le chemin, classique : adolescence, études, mariage, « bosser », grimper les échelons. Je reconnais avoir toujours oser, c’est un atout précieux. Puis une enfant, un divorce, une nouvelle vie, une nouvelle union. Je faisais mais je n’étais plus moi, pas d’introspection. Le tourbillon de la vie plutôt satisfaisant m’a envoyé, alors, des maux physiques que je soignais plus ou moins, devenaient de plus en plus douloureux, me pourrissaient la vie. Des migraines incessantes, violentes me détruisaient. J’ai tout tenté : allopathie, méditation, chirurgie, gynécologie, je n’en sortais pas. J’ai finalement terminé avec un cancer qui, dès que son nom fut prononcé, m’a alerté sur la gravité de ces maux successifs. J’avais l’impression d’être dans un tunnel et de ne pas trouver la sortie et étais prête à tout pour ne plus souffrir, j’avais mes écoutilles grandes ouvertes et étais devenue très perplexe envers les médicaments et soins traditionnels. C’est là que le hasard a changé ma vie. J’ai poussé la porte du cabinet d’un podologue, j’avais 48 ans, avec l’espoir de faire cesser ces incessantes migraines. Il m’a dit : « déshabillez-vous » ! Hyper surprise, j’ai toujours su répliquer oser, je lui dis : « Pour des semelles ? je ne comprends pas ». Il m’a répondu : « J’ai tous les diplômes de médecin français, mais j’ai aussi étudié en Chine et je sais très bien décrypter le langage du corps. Faites-moi confiance ». Je lui ai fait confiance. Après m’avoir m’a rapidement examiné, il m’a dit sans aucune hésitation : « vous vivez, décidez de façon rationnelle et vous êtes une intuitive depuis toujours. Votre moi profond est oublié, il vous envoie des signaux. Par ailleurs vous avez un grave problème féminin et les rapports avec votre Maman sont nuls, désastreux. Si vous décidez un jour d’avancer en suivant votre intuition, je peux vous aider. ». 2 à 3 semaines plus tard, un cancer du sein a été diagnostiqué et ma Maman est morte. J’ai eu la chance d’être opérée immédiatement et pendant mon séjour à l’hôpital j’ai décidé de suivre le chemin que cet inconnu m’avait recommandé : développer mon intuition, et avancer dorénavant, intuitivement. Ce hasard nécessite une réelle écoute un réel questionnement un décryptage comme l’analyse du rêve à laquelle vous êtes tous rompus, ce n’est pas une question rationnelle, c’est un symbole, une image qui surgit sans lien apparent avec votre réalité. Plusieurs issues à ce hasard, à vous de décider. Quand on développe son intuition, et qu’on apprend bien sûr à ne pas la confondre avec le désir, on s’aperçoit que ce hasard que l’on remarque, est probablement l’expression de votre inconscient qui s’exprime, se libère, veut être entendu, comme les lapsus par exemple. Si votre intuition est active, il y a résonance en vous, forte, comme une évidence. Ce hasard que l’on remarque, nécessite une réelle « écoute », presque un questionnement, un décryptage comme l’analyse du rêve à laquelle vous êtes tous habitués maintenant. Ce n’est pas vraiment rationnel, C. G. Jung n’a aucun préjugé là-dessus, il accepte et utilise l’irrationnel dans ses analyses. C’est un symbole une image qui surgit sans lien apparent avec votre réalité. Le hasard est un art de vivre. Très souvent quand j’ai eu une décision à prendre et que mes hésitations étaient nombreuses, le choix, s’est fait par hasard, une solution inédite va apparaitre, énoncée même, parfois par un inconnu. Alors, personnellement, je fonce et je suis très confiante, sereine, car en paix avec mon âme, Moi. En ce qui me concerne, c’est toujours ainsi que ça se passe depuis que j’ai pris le chemin de l’intuition, en fait cela ressemble étrangement à une synchronicité, que je devine, que je ressens et j’ai la réponse rationnelle qui ne vient pas mais qui apparaît avec ce hasard. On nomme hasard, une rencontre, un évènement étonnant, incongru qui surgit par surprise et qui va avoir en vous une résonance forte. Premier constat, le hasard interpelle. C’est si évident qu’on peut s’interroger sur un lien avec votre inconscient qui sait l’identifier, ne l’ignore pas et du coup le reconnais immédiatement ? Pourquoi pas ? Ce « hasard » pourrait être votre inconscient qui surgit, s’exprime, bouscule vos habitudes. Ce fait serait en fait l’expression de votre moi : une alerte, une piste, une demande, tout ne peut pas être qu’extérieur à vous, il y a un concours de circonstances pour que vous preniez conscience qu’il y a un hasard. Pour moi, le hasard est un art de vivre. Très souvent quand j’ai eu une décision à prendre et que mes « possibles » étaient nombreux, me rendant hésitante, le choix au final s’est fait par hasard, mais toujours en accord avec mon âme, cela signifie que je peux être dans un bar, parler à un inconnu ou une solution va être énoncée, parfois même les mots énoncés ne sont pas dits à mon intention mais ils vont résonner fort et me montrer le chemin que je dois suivre, ouvrir la voie que je cherchais. Le simple fait de les entendre va m’apparaitre comme une évidence. Rien de rationnel mais pas si farfelu qu’il y parait. C. G. Jung a basé l’analyse d’un patient, pour le soigner, lui apprendre à connaitre quelque peu son inconscient, sur l’analyse de ses rêves. Par ailleurs, quand il y a hasard, une synchronicité surgit. Cette réponse existait donc en nous, mais elle ne se formulait pas et curieusement elle apparaît. Pourquoi pas ? Vive le hasard ! | |
Marie-Christine Noir
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Je me suis précipitée pour voir le film « Freud », motivée par le sujet mais aussi par le désir de partager avec Graziella qui ne pouvait pas manquer ce rendez-vous, car fan de Anthony Hopkins.
Le dernier film que nous avions partagé, 15/20 jours avant son départ, dans notre cinéma à Rueil Malmaison était "Une VIE" avec ce talentueux acteur A. Hopkins. Je la revois bien calée dans le fauteuil du premier rang, si attentive pour suivre le déroulé du film, toute petite, si puissante, très émouvante. Nous arrivions le plus que possible 20 mn avant la séance pour échanger dans nos deux fauteuils installés dans le hall sur le cours de nos chemins, ce sont des souvenirs riches, précieux à mon cœur, un partage avec cette grande Dame qui avait si peu de disponibilité. Beau cadeau, merci ma Graziella. Ces instants sont gravés, surgissent ici où là. Ce film raconte la fin de vie de ce très grand Monsieur. Réfugié à Londres jusqu'au bout il travaillera, continuera ses écrits, ses échanges en accaparant sa fille, la dépossédant de sa vie. Freud y est authentique, antipathique mais vrai, profond, entêté dans ses démonstrations. L’entretien avec le Docteur Lewis est passionnant, Dieu était au cœur du débat, toi d'une ferveur chrétienne si grande, je t’ai sentie prête à répondre mais la psychanalyste immense, que tu es, a su patienter. Tu aurais aimé ton Hopkins, magistral, digne, vrai, inaccessible. Nous serions sorties un peu estourbies et tu m’aurais dit : « pourvu que Hopkins nous en joue encore un ou deux de ses films. » Merci Graziella d’avoir été si grande, si puissante, toi, devenue toute petite, fragile. Je t’imagine heureuse et te remercie du partage. Vive le hasard ! | |
Marie-Christine Noir
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SOS Psychologue
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