NUMÉRO 117 REVUE BIMESTRIELLE février-mars 2008

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Auteur Titre de l'article Título del artículo
 
Pioton-Cimetti, E. Graciela La vérité
 
Musset, Alfred de Tristesse
 
Bernard, Hervé La vérité
 
Bouket, Gaël La Vérité
 
Courbarien, Elisabeth La vérité
 
Delagneau, Philippe La vérité
 
Delaunay, Brigitte Un certain état de perception de la vérité
 
Ercole, Jeanine La vérité
 
Giosa, Alejandro La verdad
 
Labraidh, Seonaidh La verdad
 
Maleville, Georges de La vérité
 
Manrique, Carla El valor de la Verdad
 
Neulat, Laura Vérité
 
Recher, Aurélien La vérité
 
Ruty, Paul Qu'est-ce que la vérité ?
 
SOS Psychologue Séance d'analyse de rêves de février 2008
 
Thomas, Claudine La vérité


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En affirmant que « l'enfer est pavé de bonnes intentions », la sagesse populaire souligne les difficultés auxquelles se heurte l'homme sitôt qu'il entreprend de réaliser, d'achever ce qu'il a conçu. En effet, entre la pensée et l'action s'ouvre un abîme qu'il n'est pas aisé de franchir ; les philosophes, par de subtiles analyses, l'ont démontré, les dramaturges des temps reculés le mirent en scène, reprenant des mythes dont le plus tragique reste celui d'Œdipe. On pense encore à ce travers de la nature humaine en lisant cet aphorisme de Goethe : « Agir selon sa pensée est ce qu'il y a au monde de plus difficile ».

Des obstacles matériels se dressent devant nous, qui peuvent nous faire avorter notre désir de vérité, de sincérité à nous même. Il suffit d'une pierre sur le chemin pour tomber avec le panier d'œufs qui contenait en puissance les poulets dont on avait rêvé.

Parfois, la volonté collective oppose sa puissance terrible à notre désir de vérité. Celui qui pense le vrai ou le juste contre la doxa, dans l'hérésie, en fait l'expérience… Ainsi Socrate devant ses juges et, Galilée, s'inclinant provisoirement devant les siens. Si peu de choses suffisent à nous détourner de la voie où notre pensée nous engage, celle-ci trouvant en nous-mêmes des obstacles à son aboutissement.

Alceste, le personnage principal du Misanthrope de Molière, a beau appelé de ses vœux les plus véhéments une société fondée sur la sincérité, il se complaît sous l'emprise du mensonge, personnalisé par le plus perfide, mais aussi le plus charmant des sourires. Et combien d'autres raisons intimes nous brident et affirment notre impuissance à réaliser nos plus beaux desseins ! Nous avons peur de croiser le fer avec plus puissant que nous.

N'y a-t-il des personnes assez maîtresses d'elles-mêmes pour accomplir le destin qu'elles se sont assignées ? Et ces dernières, n'entreprennent-elles pas une réflexion leur permettant de ne pas se résoudre à l'attitude résignée et dans le même temps révoltée qui est celle de celui qui désire, de celui qui souhaite ? Il semble, en effet, qu'il ne suffise pas de formuler un souhait, projection dans un futur indistinct, mais qu'il nous faille déterminer avec précision l'objectif : ce que nous voulons, ainsi que le chemin, les moyens pour l'atteindre.

***

Maintenant, je passe à mes vérités

***

Un jour, mes élèves me demandèrent si j'avais eu un maître, un mentor. Le même durant toutes les années de ma vie. Je leur répondis que j'en avais eu plusieurs, puis j'ajoutai : « le fait d'être née fille unique, au centre d'un groupe familial constitué par mes grands-parents maternels, mes parents, mon oncle maternel et son épouse, m'a obligée à tout contrôler dès ma plus tendre enfance. »

Avant que je me sois instinctivement socialisée, le maître intérieur, le daemon de Socrate, celui que, tous, nous avons au plus profond de nous, répondait à mes interrogations, trouvait des solutions aux situations conflictuelles. Je me souviens particulièrement d'épisodes avec ma grand'mère : mes parents se disputaient et elle me regardait avec une agressivité ostensible, m'invectivant en italien. 

Aujourd'hui que je suis arrivée à un âge adulte, je sais que ma naissance avait, selon elle, condamné ma mère à ne pouvoir divorcer. Mais, j'avais, alors, la certitude essentielle qu'elle ne me désignait pas comme la cause et le produit des conflits entre mes parents.

La puissance de cette réponse intérieure spontanée, quasi illuminée, ainsi que la vérité de mes expériences d'enfant solitaire furent les bases de ma construction future.

Pour cet enfant, que j'étais, tout ce qui était désirable revêtait l'apparence de la facilité. Je faisais ce que je voulais. C'est mon MOI qui, se forgeant au sein de la lutte entre mon ÇA et mon SURMOI, m'a permis de faire les choix nécessaires à mon développement. Mes parents mécomprenaient trop ce qu'était la liberté pour que celle qui m'était allouée fût convenable pour un enfant. Le SURMOI familial ne se manifestait que peu, car chacun des adultes m'entourant était trop centré sur soi.

Prendre un bain, me laver les dents, même réviser dépendaient de ma décision. Si je suivais mon ÇA, ce dernier me menait à une certaine forme d'ataraxie, et, rapidement, je ressentais un malaise. Si je négligeais mon corps, celui-là était physique, mais, bien souvent, c'était un malaise psychique, spirituel qui se faisait sentir si je n'avais pas révisé, si mon écriture sur mes cahiers était peu soignée ou encore si je m'étais endormie sans finir mes prières.

Je crois que la vérité est une nécessité. Aujourd'hui encore, je le ressens de la même manière et j'essaie de faire en sorte d'éviter tout malaise.

Si j'affirme que les principes qui guident ma vie sont le contrôle, la discipline, le minutage et la volonté, c'est parce que seuls ces derniers me permettent d'assouvir le désir que j'aie d'être libre, forte et responsable.

Il est probable que mon ÇA soit canalisé afin de m'éviter d'être par trop esclave du principe de plaisir. Vraiment ! je ne suis pas qu'une femme de devoir. J'ai le souvenir de mes vacances d'été, en Argentine. Mes examens universitaires de l'année liquidés en décembre, je partis avec les enfants à la mer, à ma mer, que j'aime tant. Et, je vivais dans l'eau. Sur le sable, allongée, j'observais l'étendue marine qui changeait de couleurs, je m'endormais au ressac des vagues, contemplant les nuages, tâchant même d'oublier que je savais lire. Pas de nouvelles. Je ne voulais rien savoir.

Mais c'est après coup, la tâche annuelle accomplie, que se sont éveillées et manifestées les plus puissantes vérités et certitudes de ma vie.

Trop manger ... malaise.

Trop dormir … tristesse.

Il me fallait trouver des limites saines. Pourquoi seule la juste mesure pouvait me satisfaire ?

En vérité, ai-je eu peur de l'excès ?

Non, j'ai eu peur de la lecture que les autres pouvaient faire de mon comportement. Maintenant que je suis adulte, je sais que j'ai dû fonctionner selon des mécanismes de dissociations permanentes -au sens où Bettelheim l'entend- des mécanismes schizoïdes. Je devais me défendre : une partie de moi jugeait mon comportement, l'autre agissait. Si je pleurais - je ne me souviens que peu de l'avoir fait- c'était seule ou avec le chien ou le chat dans mes bras. Par ailleurs, je ne voulais pas de conflit. Je sentais bien que les « grandes personnes » avaient fréquemment des sentiments négatifs et cela me hérissait. La vérité ne devait pas être trop loin de la juste mesure, du moyen terme.

Mon regard sur le passé est si réel, si vivant, si vrai qu'il me semble dialoguer avec ces personnages dans le temps présent. Je les vois, je revis les situations, je peux sentir les odeurs, distinguer les couleurs … Si la vie était éternelle sur terre, je commencerais par oser pleurer, mais il est trop tard. Mon être demande d'autres choses, lors, je commence par me questionner.

As-tu aimé vraiment ?

Peut-être jamais !

Mais comment peut-on savoir ce qu'aimer signifie ?

C'est à ce niveau que la question devient complexe. Je n'en sais rien. Je ne sais même pas si je me suis déjà aimée un jour. C'est bien possible … je me revois, me défendant, féroce, car la douceur peut se transformer en violence, passé un certain seuil de tolérance (très haut par ailleurs).

Me suis-je écoutée vraiment ? Me suis-je écoutée lorsque mon désir dépassait ma capacité de frustration ? À dire vrai, je n'en sais rien. Un grand maître disait : « l'homme ne peut rien faire, car, tout arrive, mais il peut donner le meilleur de soi afin que les choses arrivent autrement ».

J'ai l'impression de m'être faite seule, à coup de bâtons, mais, avec un tel amour - dans le sens le plus absolu- qu'en vérité, je ne pourrais pas m'arrêter sur des cas particuliers. Ma vérité, et elle est absolument relative, c'est que j'essaie de faire le mieux possible pour que les choses se déroulent autrement. Aimer mes enfants, aimer la vie, aimer le silence, goûter un bon vin … J'aime la mer, elle m'a apporté la vie, la sensation d'un corps habité. Et après ?

Après, il y avait toujours une certaine nostalgie de la séparation, comme cela peut exister dans un couple ; un instant survenait où, en moi, une petite voix demandait : « jusqu'à quand ? » … et … je n'oublie pas la condition humaine.

Aimer la mer est possible, Elle sera là, là-bas, encore et encore. Aimer un homme est un supplice de précarité.

Fait à Paris, le 16 février 2008
Avec une certaine douleur de ne pouvoir échanger avec toi, sur le thème, sur nous.
Mais comme tu disais avec raison :
« ma vérité, ta vérité »
et … la Vérité, qui est dans l'au-delà
où tu habites aujourd'hui dans la cour des Justes. J'espère …

***

Épilogue

***

Je suis ce que je suis, une femme, disons, un peu forte, et qui n'a que des besoins concrets : qu'on me laisse travailler, qu'on me laisse dormir. Je n'ai besoin que d'une couverture, d'un lit, même d'appoint, pour m'assoupir et être en paix. Semblable à mes semblables, je suis née seule. Partie de ma mère pour me confronter à la vie, à ses réalités. Je veux respirer chaque jour plus profondément et m'éveiller paisiblement, avec ou sans le soleil, pour servir le monde, humblement. Je connais bien les nuits où, afin de protéger les autres, plus souffrants encore que soi-même, l'on se prive de sommeil ; mais, aujourd'hui, je veux dormir, je veux aimer en paix, recevoir la grâce de l'appel d'en-haut. Je veux dormir et je demande à la grâce divine de m'assister : je veux m'éveiller à la vérité pour bien dormir dans la paix des justes.

Fait à Paris, à 3h30 du matin
Dans une nuit sans sommeil où l'appel d'une compréhension
de l'éveil et du sommeil physiologique m'a été envoyé par la grâce.

Je travaille tout comme le petit ouvrier de l'Évangile le faisait. Je n'ai rien demandé que je ne pensais pas avoir mérité. Je veux dormir et me réveiller, pour exister, bien éveillée.

Saint Matthieu dit « Réveille-toi, toi qui dors, réveille-toi d'entre les morts et le Christ t'illuminera. »

Je ne veux qu'une couverture et un sommeil réparateur après les journées merveilleuses passées à un travail qui est ma vocation, ma vie et l'assurance de mon éternité. Parfois, l'envie me prend de dire adieu. Mais, ce n'est pas le moment et, avec passion comme toujours, je dis : « À demain ! »

Écrit, sincèrement, le 20 février 2008. Je ne souffre pas, je constate simplement qu'être sincère et spontané est mon unique manière de partager ce que je peux comprendre dans cette vie.

Fait à Paris, en dehors du temps
Avec cet amour qui est plus fort encore que mon égoïsme existentiel, mon égoïsme de survie…
Toi, tu n'étais pas comme moi. Mais, tu as traversé la vie avec tes limites existentielles
sans jamais te demander à quoi tes souffrances pourraient servir.
Je suis différente, je communique, je n'ai pas honte d'être ce que je suis aujourd'hui :
humblement au service de cette divine volonté qui nous échappe.
J'ai abandonné la mer qui, en dehors du temps, me caressait …
Un dernier mot :
Seigneur, délivre-moi des faux luxes, laisse-moi me dépouiller des vanités.
Donne-moi l'eau de l'Atlantique comme baptême et le sable pour régénérer mes tissus.
Vanitas vanitatum et omnia vanitas … au revoir, au revoir apparences.
La vie commence aujourd'hui.
Écrit à Paris, au cours de la même nuit, à cinq heures du matin,
avec conviction d'avoir été moi, presque toute seule à constituer mon étayage.
Doctora E. Graciela Pioton-Cimetti



J'ai perdu ma force et ma vie,
Et mes amis et ma gaieté;
J'ai perdu jusqu'à la fierté
Qui faisait croire à mon génie.

Quand j'ai connu la Vérité,
J'ai cru que c'était une amie ;
Quand je l'ai comprise et sentie,
J'en étais déjà dégoûté.

Et pourtant elle est éternelle,
Et ceux qui se sont passés d'elle
Ici-bas ont tout ignoré.

Dieu parle, il faut qu'on lui réponde.
Le seul bien qui me reste au monde
Est d'avoir quelquefois pleuré.
Alfred de Musset



Rechercher la vérité ou rechercher sa vérité ? Toute vérité n'est pas bonne à dire. Nue comme la vérité… autant de thèmes d'étude autour de l'idée de vérité, comme si la vérité pouvait ne pas exister comme matériau physique ou psychique suffisamment palpable, mais plutôt constituait un idéal impossible à atteindre, un concept inventé par l'homme pour occuper son esprit.

L'animal se pose-t-il la question de ce qu'est la vérité ! Assurément non en tant que telle, mais sa vérité c'est sa capacité de se nourrir, de se protéger des prédateurs, de perpétuer une descendance, bref d'assurer sa subsistance ainsi que celle de son espèce, selon un processus immuable, intégré depuis des générations dans ses gènes et dans ses réflexes de vie selon une dialectique toujours discutée entre l'inné et l'acquis.

La vérité est-elle individuelle ou collective ?

Mais après tout, pourquoi toutes ces questions sur la vérité, ne peut-on pas vivre toute sa vie sans se les poser ? Ce n'est pourtant pas ce que nous enseignent la morale ou l'école, qui très tôt nous apprennent dans toutes les civilisations et toutes les cultures, de dire la vérité, de dire toujours la vérité… pour devenir un « honnête » homme.

Si certes nous pouvons mentir aux autres, par omission, pour éviter de causer des préjudices à autrui, quand dire une vérité n'est pas nécessaire, nous ne pouvons nous mentir à nous-mêmes, car nous sommes les protagonistes de notre théâtre intérieur prélude à notre action et notre rayonnement extérieurs.

N'avez-vous jamais ressenti un pincement au cœur ou un certain malaise quand vous vous mentez à vous-mêmes ? Et pourtant il est souvent facile de nier ce sentiment parfois très subreptice plutôt que l'explorer et décrypter par une analyse volontaire et éclairée le message qu'il cherche à délivrer.

Oui, la vérité, celle qui conduit sur le chemin de sa réalisation, la réalisation de ses projets de vie et de ses désirs, ne peut être atteinte sans un exercice de la pensée, une discipline, un travail psychologique, qui demande un véritable effort, une persévérance continue et une implication de tout l'être, au risque de sentir de profonds changements en soi, voire ce que nomme Carl Gustav jung un changement de l'état de l'être.

La vérité est présente ici et maintenant, à chacun de nous de la voir, de l'entendre, de la toucher, de la comprendre, de l'accepter…, mais également d'aller à sa rencontre, de lui donner rendez-vous, de l'accueillir.

La vérité peut se découvrir en toute circonstance, quand on s'y attend le moins, parfois elle vous saute à la figure, quand vous tardez à vouloir la voir. Ce peut être la rencontre d'un proche ou d'un inconnu, qui nous fait toucher à quelque chose de profond de notre vérité, souvent à son insu, bien souvent sans aucune intention de sa part. Car la rencontre avec la vérité utilise bien souvent des voies détournées pour parvenir à contourner les obstacles, voire les forteresses mises en place par le surmoi ou le noyau psychotique, et accéder ainsi à notre champ de conscience actif ou passif.

La vérité se mérite, s'invite à notre réflexion après de longs efforts qui ont permis ce mûrissement propice à son éclosion dans toute sa simplicité et toute sa lumière.

Quelle belle satisfaction après une longue journée de labeur, de stress, d'actions en tout genre et dans de nombreuses directions, nous percevons quelque de chose de nouveau et de vrai sur nous-mêmes qui nous permette de voir un peu plus loin ou de nous rediriger dans le bon chemin. La vérité donne de l'énergie, une énergie pure, reconnaissable à toutes les autres, car elle peut amener à la plénitude et à la sérénité, tout au moins à la paix, même temporaire, avec nous-mêmes.

La vérité est comme une culture aux multiples récoltes pendant toute l'année, avec des cycles de développement variables selon le fruit ou la plante que l'on veut faire éclore. Il faut de multiples attentions et de la patience avoir de pouvoir goûter au fruit tant désiré, comme la pomme du jardin d'Eden ! Et comme tout jardinier, confirmé ou en herbe, il ne faut pas hésiter à demander conseil à autrui, explicitement ou selon des voies plus discrètes.

La communication constitue un bon engrais pour la culture de la vérité, qu'elle soit la plus simple et naturelle du monde, ou consécutive à un travail sur soi, comme dans le travail analytique.

Parle aux plantes et aux fleurs de la vérité ! La nature te répondra quand le temps de la récolte sera venu.

Hervé Bernard



La première chose que je peux constater honnêtement sur la vérité c'est l'incertitude qui l'accompagne en permanence, à tel point que je me demande si elles ne sont pas qu'une seule et même chose vue sous des angles différents (pourquoi pas, Descartes avait bien pris le doute comme point de départ de sa quête de la connaissance). En tout cas, il me semble que le doute et la recherche de la vérité forment une dynamique et permettent certaines évolutions intérieures, comme le soleil et la pluie sue la nature. Et si je dois dire ma vérité aujourd'hui, je dirais qu'à la fois je doute et ai confiance. Je suis perdu, mais voyant d'où je viens et où il me semble être, cela ressemble à une bonne direction, mais je ne vois toujours rien devant, brouillard.

La vérité n'est pas une croyance, on ne peut jamais s'appuyer sur elle, lui faire confiance si ce n'est en qu'en espérant se rapprocher. Voilà : elle a plus le goût d'un espoir que d'un soutien.

Quelle étrangeté d'être en vie. Je m'excuse auprès des lecteurs de ma confusion et de réflexions fades, mais elles s'imposent à moi avec force. Ce mélange d'incompréhension de tout, de la vie, du jeu social, l'impression de venir d'une autre planète et à la fois la confiance, la légèreté, la simplicité de tout. Je suis perdu, mais cela ne m'empêche pas de savoir comment vivre ici. Qui est perdu ? Qui sait vivre ici ? Il semble que le destin de l'Homme soit extraordinaire et à la fois il n'est rien et s'il croit à l'une ou l'autre de ces sentences il se trompe ; il est tout et rien. Un peu comme une cellule quelconque du corps : elles sont des milliards, chacune participe sans être indispensable, mais comporte en elle tout le patrimoine génétique de l'homme, elle est tout et presque rien. Alors il faut avoir un respect absolu pour soi-même, car nous portons en nous tout l'Univers, mais aussi une humilité terrifiante, car nous ne sommes presque rien dans cette vie où nous serons remplacés dans quelques années ou demain. Que faire de cet être qui nous est confié, soi-même ? Une merveille et une poussière. Pour l'instant, il me faut manger et être patient et joyeux, car il n'y a rien d'autre à faire.

Fait à Paris, le 7 mars 2008,
avec confusion, mais en relisant entre les lignes
il semble y avoir quelques détails dignes d'intérêt,
je laisse ce texte tel qu'il a été écrit à chaud, malgré son imprécision,
de peur de perdre cet essentiel qui est entre les mots.
Gaël Bouket



Qu'est-ce que la vérité ?

Longtemps j'ai pensé que la vérité était une valeur absolue. J'ai pris conscience qu'elle était cependant relative. Elle est donc devenue humaine.

Car il y a bien souvent plusieurs vérités.

Elles ne sont pas toutes contradictoires ou opposées, mais parfois nuancées. Selon le point d'observation ou le degré de conscience de l'observateur !

La vérité totalitaire, entière, monolithique m'apparaît désormais fortement contestable.

Aujourd'hui la mode est à la remise en question de l'existence du Christ comme ayant été tel qu'on nous l'a enseigné : célibataire, sans fratrie, sans enfants.

Qui détient la vérité sur Jésus ? Qui peut mettre en doute ce que tant d'hommes croient depuis deux mille ans ?

Où est le doute ? Où est la foi ? Où est la vérité ?

Moi, j'ai pris mon parti. Ce qui est vrai est souvent ce qui dure. Les autres n'ont qu'à prendre le leur. Ou choisir le leurre.

Qu'est-ce qui est vrai ? Ce qui n'est pas faux. Mais la vérité est-elle vraie si seulement elle n'est pas fausse ?

Fossoyeur de mauvaises vérités. Voilà un joli programme ! Oui, certaines vérités doivent être tues. Et c'est bien ainsi. Pour peu que celui qui la détient sache différencier ce qui doit être dit, de ce qui doit être tu !

Le mieux est l'ennemi du bien. Ne pas t'avoir dit combien j'en ai aimé un autre, était-ce mal ? Te taire cette vérité passée pour que tu n'aies pas à en souffrir, n'est-ce pas un beau cadeau ?

Au fil du temps la plupart des vérités instantanées deviennent-elles obsolètes ? La vérité a-t-elle un délai de péremption ?

Je m'aperçois que je ne fais que soulever des questions et que je ne réponds à aucune.

Pourquoi ?

La vérité est-elle donc si insaisissable ? Si peu palpable ? Ma certitude n'est pas une vérité puisqu'elle ne repose que sur ma propre conviction et pas obligatoirement sur quelque tangible réalité.

Mon idée originelle de la vérité n'était donc pas vraie puisque j'ai remis en question ma propre conception de ce que je croyais qu'elle était.

Une vérité n'est pas une croyance. La croyance est arbitraire or la vérité doit pouvoir s'imposer même si elle est multiforme.

J'utilise souvent la métaphore de la contemplation d'un objet pour tenter d'expliquer ce qu'est devenue ma compréhension de la vérité.

L'observateur numéro 1 se trouve en face d'un objet. L'observateur numéro 2 se trouve face à l'objet, mais également face à l'observateur numéro 1. Donc leurs visions du même objet sont diamétralement opposées. L'un va décrire la perception qu'il en a, l'autre la sienne. Personne n'a tort. Cependant aucun ne possède la totale vérité. Avec un peu de chance ils seront même d'accord sur la taille ou sur la forme, mais il y a peu de chance qu'ils soient d'accord sur l'ensemble des détails.

Souvent la parole d'une personne en qui nous avons confiance va nous apparaître comme une vérité, mais si nous écoutions la parole d'une autre personne sa version de ladite « vérité » serait nuancée voire contradictoire.

Il arrive que ce soit la même personne qui vous dise « je ne suis pas malheureuse » à l'instant t en pensant à son cadre de vie, à ses enfants etc. et, qu'à l'instant t+1, en songeant à son couple qui se détériore ou à sa santé qui l'inquiète elle vous dise l'inverse « je suis très malheureuse ». Où est la vérité dans cette succession de ressentis fugaces ? Un ressenti peut-il être une vérité ? La vérité ne serait-elle que parcellaire ?

Lorsque je crois aimer, suis-je dans la vérité ? Comment parvenir à un degré de conscience et de lucidité pour me sentir sincère et vivre en vérité ?

La vérité de l'autre nous échappe toujours et la nôtre bien souvent encore !

Je ne me suis pas donné le droit de mentir. Est-ce que cela signifie que je suis dans la vérité ? Non, je ne suis vraie qu'à hauteur de mon degré de conscience. Je sais bien parfois, en proie au paradoxe, que je ne détiens pas l'absolue vérité. Déjà, que j'assume courageusement mes erreurs et mes errances a le mérite d'être honnête. Mais, bon ? Où est la lumière ?

La vérité à dimension humaine semble donc vouée à être limitée et périssable.

La seule Vérité qui soit durable est celle qui vient de la lumière de la conscience.

Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie…

Soif de Vérité.

D'authenticité.

Mais aussi de courage. Du courage de mettre mes actions en accord avec mes sentiments, mes pensées. De vivre ce que je suis appelé(e) à vivre. Sans craindre d'être jugé(e) ou condamné(e). Parce que vivre sa vérité demande un vrai courage. Y compris celui d'assumer ses erreurs. Ses tâtonnements. Sa quête de lumière qui n'aboutit pas assez vite. La vérité semble se laisser apprivoiser avec de la patience, de l'humilité par une recherche curieuse et assidue.

Avons-nous seulement le cœur assez ouvert pour trouver ? Peut-être. Peut-être pas.

Il y a les jours de doute.

Il y a les jours de foi.

Il n'y a pas unicité de la vérité pour ce qui est du chemin, mais ce en quoi je crois c'est que dans la lumière de la sincérité nous devrions un jour tous nous retrouver : sans fard ni masque et sans habit. Sans habit, car la vérité est nue. C'est peut-être pour cela qu'elle est si difficile à identifier : elle est parfois tellement lumineuse qu'elle en devient quasiment transparente ! Ce ne sont plus les yeux qui permettent de la discerner, mais c'est le cœur qui sait la reconnaître.

Dans la vérité de mes sentiments pour toi aujourd'hui ici et maintenant.

Tout comme ils étaient vrais depuis le commencement.

Elisabeth Courbarien



Quiconque est de la vérité écoute ma voix (Evangile de Saint-Jean 18, 37) à quoi Pilate rétorqua immédiatement « qu'est ce que la vérité ?».

Il y a dans cet échange, le choc de deux mondes. Pendant que Pilate se demande ce qu'est la vérité, Le Christ révèle qu'il est venu pour rendre témoignage à la vérité, non pas de la vérité. Et Jésus nous donne encore un élément essentiel : « Seul celui qui vit au sein de cette vérité peut entendre sa voix »

Il y aurait donc deux vérités qui s'affrontent apparemment, semblant appartenir à deux mondes différents. Et si l'on accepte que la vérité de Pilate soit le résultat de son expérience (ou inexpérience), nous devons également admettre bien qu'il en coûte à certains, que le témoignage de Jésus soit aussi le résultat de son expérience, de son vécu et certainement de toute une vie de recherche (et peut être davantage)

La vérité qui nous semble la plus directement accessible est celle énoncée par Pilate « je ne sais pas ce qu'est la vérité ». Je ne sais pas, parce que je ne l'ai pas trouvée et qu'elle m'apparaît fondamentalement lointaine et incertaine telle un mirage. Il y a dans la réponse de Pilate, une vérité absolue : « je ne sais pas »

J'ai cependant au moins le goût de la vérité en tant que ma vérité. Je la connais. Je sais qu'elle est changeante et surtout vulnérable. À tel point que je l'expose assez rarement à la contradiction. La plupart du temps, ma conviction est faite et il est hors de question d'y revenir. Pourquoi faire cet effort d'ailleurs qui ne m'apporte pas de satisfaction immédiate, tangible et matérielle. Ma vérité est affirmation, une affirmation qui ne supporte pas la contradiction.

Je peux la risquer quand il s'agit de dire par exemple, à l'autre, ses quatre vérités. Il ou elle l'a bien mérité !

Je me sens bien un instant dans la peau d'un justicier. Mais est-ce que la vérité a ce goût, est ce que la vérité a le goût d'une opinion que l'on assène sans aucune autre considération que celle de se satisfaire ?

Dans le discours populaire, il est dit aussi : « C'est la vérité, parce qu'il n'y a que la vérité qui blesse » Comme si nous devions rester insensibles au mensonge et à la trahison surtout quand il nous est impossible d'y faire face devant l'incompréhension et l'ignorance des personnes qui nous entoure. Qui croire ?

Il y a aussi ces vérités décriées notamment par les plus grands criminels de l'histoire de l'humanité et qui participent toutes à la même logique. C'est toujours pour la bonne cause, souvent au nom d'un dieu que l'on a renié, rejeté depuis longtemps. Hitler n'avait t'il pas reçu la mission divine de sauver l'humanité de la déchéance en créant une élite digne de son créateur et de sa création ? Combien ont cru à cette vérité et pourquoi ? Qu'en pensent les millions de victimes et leurs familles ?

Assez de mensonges abominables et assez de croyances abominables au nom de la vérité ou, parce qu'elle est supposée ne pas exister.

Nous cherchons tous à démontrer (autant à nous même qu'aux autres) que nos paroles et nos actions sont justifiées et donc justes. En réalité, nous sommes les objets, les jouets de nos vérités et de nos mensonges qui ensemble constituent le socle de notre personnalité, c'est-à-dire de ce que nous croyons être. Et il n'est d'ailleurs pas certain que ce que nous tenons pour des vérités ne soient en réalité des mensonges nous permettant de mieux voir « la vie en rose », de mieux nous regarder le « nombril ».

Le Christ nous invite à suivre un autre chemin, un autre guide qui loin de renier la personne (c'est impossible), l'élève à un niveau de compréhension et de conscience inconnu d'elle jusqu'à présent.

Un chemin sur lequel elle ne serait plus l'objet, le jouet de ses vérités et de ses mensonges, mais un sujet capable de les observer, de les interroger et d'agir.

Alors l'homme pourra réaliser en lui même cette conversion, cette transformation qui loin d'opposer ces deux vérités les fusionnent en une seule pour enfin constituer une réalité totalisante et réellement humaine, subjectivement humaine.

Jésus dans son infinie sagesse va même jusqu'à préciser le moment ou cette transformation opérera « Quand viendra l'esprit de vérité (on pourrait dire l'Esprit Saint), il vous conduira vers la vérité tout entière » (évangile de Saint Jean (16, 13).

Fait à Lagny sur Marne, le dimanche 9 mars 2008
Philippe Delagneau



Le soleil a perlé cette nuit
Oh ne reverrai-je plus la pluie ?
Oh immense grandeur que te dois-je ?
L'amour la mort
Mais je ne puis rien
D'autre que de voir la vie s'écouler devant moi
Oh la vie l'amour la mort
Que de loin je ne puis rien d'autre
Que de voir la vie s'écouler devant moi
La vie n'est plus rien pour moi
D'autre qu'un long fleuve qui s'écoule sans moi loin de moi
Moi sans vie sans sang sans forme sans âge
Les moutons bêlent près de moi
Dieu que de sang caillé de leur chair j'ai mangé
J'ai peur de l'autre
Ma blessure est puissante
Trop forte
La vie est puissante mais elle est loin de moi
Loin loin loin
La lumière n'est plus
Le ciel est ombragé
La vie n'est plus rien pour moi
Je ne vis pas
Je n'ai jamais vécu.
février 2008
Brigitte Delaunay



« La science sans la religion est pauvre, la religion sans la science est aveugle. »
Albert Einstein

Une première évidence frappait Einstein dans sa réflexion « l'univers est intelligible » Mais la science peut-elle expliquer ce mystère qu'est l'accord entre les mathématiques, l'outil le plus abstrait de la création humaine, et l'univers ? Non, elle ne peut expliquer cette conformité qui est vérité. Alors pouvons-nous en conclure que derrière l'intelligibilité du monde - même partielle - existe une intelligence créatrice ? Oui, mais se pose la question : quel sens donner au réel au-delà de nos mesures abstraites ? Mystère encore que nos connaissances actuelles ne peuvent élucider. Soulignons le caractère non ontologique des concepts mathématiques qui ne donnent aucune explication sur le Pourquoi. Pas davantage de préoccupations à propos des humains dont les hommes de science, les physiciens en particulier, n'ont rien à dire. Cependant chaque jour les recherches s'avancent vers des horizons plus vastes, quelles que soient les disciplines parce que une découverte en amène toujours une autre ; ainsi le « fini » est pénétré d'infini. Nous sommes donc face au problème de la réalité en soi et du même coup, du problème de la vérité en soi. Or la vérité ne peut reposer, pour nous autres pauvres humains, que sur une réalité perçue sans faille alors qu'elle nous parvient partiellement voilée.

Actuellement l'opinion publique a tendance à croire que la vérité ne peut venir que de la science, alors que celle-ci n'en est qu'à ses balbutiements et qu'une vérité aujourd'hui deviendra souvent une erreur demain. Mais reconnaissons la valeur de la science qui nous renseigne sur l'harmonie des lois d'une création incontournable. Cependant il n'y a qu'une seule source de vérité qui unifie. Ne sommes-nous pas libres d'aller vers elle ou non avec les moyens qui nous sont donnés ? À chacun ses choix. Si le monde ruisselle d'intelligence, comme le disait Einstein, il y a aussi le cœur, centre de l'être, qui doit participer à cette recherche, car elle n'est pas réservée aux seuls individus qui ont soif : se conformer aux lois de la vie, fonder certes sur l'intelligence, mais aussi sur l'amour, c'est à dire le don, est une dynamique de Vérité. Reconnaître nos limites personnelles sans orgueil avant même de développer notre réflexion originale, est une évidence. Nous ne pourrons jamais comprendre l'énergie qui anime l'univers en continuelle évolution, mais faut-il pour cela renoncer à la cohérence de notre vie ? Si la finalité de nos gestes, de nos actes n'est pas le reflet de nos valeurs que signifiera alors notre pèlerinage terrestre ? Creuser, fouiller, chercher la vérité dont nous sommes tous porteurs, est possible : nous pouvons œuvrer en toute liberté. S'il est sur les rails de l'authenticité, le petit train roulera à son rythme sans trop d'essoufflement pour arriver à une destination quelquefois insoupçonnée.

L'opinion publique (encore elle !) pense qu'un scientifique ne peut être qu'athée ou agnostique. Ce qui est faux, la science et la foi peuvent co-exister et s'entendre fort bien. Pourquoi vouloir supprimer la relation entre les progrès scientifiques et le religieux ? Certes la majorité des chercheurs repense l'objet de leur croyance à la lueur de leur évolution qui les porte à remettre les dogmes en question. Sciences et religion ne sont pas sur un même plan de conscience, mais ne sont pas pour autant antagonistes. La recherche pour les uns et les autres n'a pas tué la foi porteuse de vérités premières et dernières. De nombreux scientifiques ne remplacent pas leur conscience individuelle par le devoir d'obéissance aveugle, ce qui serait une stagnation et une régression permanente, c'est à dire une autre forme d'obscurantisme entretenue par leur discipline.

Les trois instances de Freud seraient-elles incomplètes ? Ne faudrait-il pas rajouter une quatrième dimension que Freud étant athée n'aurait jamais signalée ? C'est une dimension mystique ou religieuse qu'il est impossible de nier chez les humains. Chez certains, elle se manifeste très jeune de diverses façons, et devient vérité vécu en mode de sublimation. Cette tendance ne relève pas spécifiquement d'un conditionnement ou d'une éducation, elle est innée ; ou bien encore se développe-t-elle en toute indépendance au cours de l'existence, suivant la direction qu'aura pris la libido.

L'humanité a été fécondée par une parole d'une évidence causale, venue d'ailleurs, il y a 2000 ans. Nous avons des clés pour appréhender le sens de notre destin d'une façon toute personnelle. Ainsi la vérité a été mise à notre portée. Mais qu'est-ce que la vérité ? Un arbre ? Comment le reconnaître ? À ses fruits. S'ils sont d'un goût suave, savoureux, parfumé, s'ils nourrissent les êtres de jour comme de nuit dans une paix profonde que nul ne peut ravir, alors osons penser que nous sommes sur une voie qui se nomme Vérité.

Jeanine Ercole



Si en effet l'homme ne peut pas prendre conscience de son sommeil lui-même, il peut ressentir, dans certaines conditions, l'identification qui en découle, surtout dans ses conséquences les plus absurdes, et développer ce sentiment par un entraînement approprié. Déjà dans certains rêves nocturnes, surtout s'ils sont pénibles, le dormeur sent confusément que ce qu'il voit, ce qu'il croit vivre en le voyant, n'est pas vrai. Il est possible, en état de veille, d'aiguiser la conscience jusqu'à ce que l'homme se sente mal à l'aise dans l'identification qui accompagne le « rêve éveillé ».

L'étude de celle-ci est donc fondamentale à l'homme pour la connaissance de soi et la libération qui peut s'ensuivre.

L'identification est un état pernicieux, tellement banal qu'il passe presque toujours totalement inaperçu.

Il résulte d'une tendance naturelle de l'esprit renforcé par une insuffisance de vocabulaire :

On dira d'un homme qu'il est gaucher, qu'il est employé de banque et qu'il est le père de trois enfants.

En fait, il n'est rien de tout cela. Il a sa main gauche plus habile que la droite, il a une fonction dans une banque et il a engendré des enfants. De son point de vue à lui, ces différents aspects de sa personne constituent des qualités actives. Mais du point de vue des autres, ce sont des états dans lesquels on le classifie. L'autre est ceci ou cela, parce qu'il rentre dans telle ou telle catégorie. La pesanteur de la société contemporaine accroît d'ailleurs démesurément ce besoin d'étiquetage et de sériation des personnes.

Le drame, pour l'homme, c'est qu'il y collabore volontairement, de tout son esprit, bien au-delà des contraintes rendues indispensables par la vie sociale.

Et puisqu'il « est » ceci ou cela, il va prendre pour une attaque personnelle toute réflexion critique portant sur la classification dans laquelle il rentre : parlez à un homme ou à une femme, en termes très généraux, mais caustiques, des personnes de leur sexe, ou de leur âge ou de leur profession, et vous les verrez immédiatement prendre parti et se croire obligé de les défendre : en son for intérieur l'homme est sa profession, il est même identifié à des qualités qui ne résultent nullement de son choix, comme son sexe ou son âge.

Il en est ainsi à plus forte raison lorsque l'homme a une activité créatrice et laborieuse intense : c'est une constatation banale que d'observer que les cadres dirigeants des grandes firmes industrielles, par exemple, sont leur entreprise. Ils ne vivent que pour elle, lui consacre la totalité de leur « temps de veille », et y sont à ce point identifiés que leur décès suit de très peu leur mise à la retraite. La même expérience est courante pour les hommes politiques.

L'homme s'identifie à ce qu'il fait. Par un phénomène d'auto hypnose qui est profondément malsain _ il éprouve le besoin de s'y noyer pour faire taire en lui de la sorte l'angoisse existentielle à laquelle nous avons fait allusion dans notre exposé préliminaire. La déification de l'Histoire qui est une des modes intellectuelles de notre époque est le symptôme le plus manifeste de cet état d'esprit.

Mais, de même qu'il s'identifie à ce qu'il fait, l'homme s'identifie à ce qu'il a, à ce qu'il possède, car ses possessions lui apparaissent comme un reflet de sa personnalité, donc des qualités qu'il s'attribue et avec lesquelles il veut se confondre.

L'homme s'identifie à sa maison, à ses vêtements. Et paradoxalement, d'ailleurs, cette identification est d'autant plus poussée qu'elle est moins justifiée, ou pour mieux dire, moins raisonnable.

L'amateur d'art qui a consacré toute sa fortune et toute une vie d'efforts à la restauration d'une demeure historique est évidemment identifié avec elle ; néanmoins il y a toujours chez de tels mécènes un respect réel pour une œuvre qu'ils n'ont pas créée eux-mêmes et dont ils ne sont que les gardiens. Rien de tel chez le constructeur d'un pavillon de banlieue, auquel sa maison tient lieu de coquille et qui y a projeté tous ses rêves ; si la maison brûle, l'homme est anéanti. Sa personnalité a brûlé avec.

De même il est banal de constater à quel point chacun, et pas seulement les femmes, s'identifie aux vêtements qu'il porte et prend pour lui-même les compliments qu'on lui fait à ce sujet. Et là encore intervient le paradoxe du créateur : le grand couturier, dessinateur d'un modèle, sera beaucoup moins sensible aux compliments sur sa création dont il sait se distinguer que la femme qui la porte et qui n'a fait que la payer, mais qui s'identifie à une telle enveloppe, car elle a besoin à tout prix d'être « quelque chose ».

Dans les conditions de concentration de la vie urbaine moderne, l'identification aux objets possédés est poussée jusqu'à l'absurdité agressive. C'est aujourd'hui un spectacle banal que de voir un homme en assommer un autre, parce que celui-ci a éraflé la carrosserie de sa voiture. Si le maladroit avait bousculé sa femme, il n'est nullement sûr que le colérique ait réagi de la sorte. Mais il est identifié, il a des roues, il est sa voiture.

Mais le domaine où l'identification agit de façon la plus perfide et la plus pernicieuse, concerne la pensée et les sentiments :

Dans la vie moderne, la Presse et la Télévision qui la relaye, en appellent systématiquement et en permanence par un phénomène qu'on a pu qualifier de « matraquage », à l'émotion du public. Il s'agit de susciter chez celui-ci soit « l'enthousiasme », c'est-à-dire l'identification à un idéal vague ou à certaines personnes censées l'incarner, en tout cas à un rêve, soit, le plus souvent « la compassion » voire « l'horreur ». Les nouvelles consistent ainsi, pour une très grosse part, dans le récit, le plus détaillé possible de crimes ou de catastrophes.

Le but de tels propos n'est nullement, la plupart du temps, de provoquer envers les victimes un mouvement de solidarité active. Il s'agit, bien au contraire, de produire chez le lecteur ou le spectateur un sentiment fort trouble (qui mérite d'ailleurs une étude approfondie) de fausse terreur à base d'identification, terreur ou le lecteur ne risque rien puisqu'il sait bien que ces choses là sont arrivées aux autres.

Georges de Maleville



La Vérité : Est-ce synonyme d'honnêteté ? De sincérité ? Est-ce le contraire de fausseté ? Est-ce quelque chose qu'on peut démontrer, reproduire ? Qu'est ce qui peut être dit « vrai » ? La vérité, est-elle absolue ou relative ? Objective ou subjective ? Il y a-t-il une vérité ou des nombreuses vérités ? Voici quelques réflexions.

Les théories qui étudient ce concept s'inscrivent dans deux, voire trois, approches. Une approche est de (1) correspondance, l'autre est (2) cohérente, une troisième approche est (3) pragmatique. Dans l'approche de (1) correspondance se situent les positions dites réalistes, qui stipulent que la vérité se trouve là où il y a le plus de correspondance entre un objet, qui s'inscrit dans le réel, et sa description. Il y a ici accord entre la pensée et l'expérience. Dans la catégorie de l'approche (2) cohérente, la vérité se trouve dans un accord entre les croyances et des observations, tels que représentées dans un système de croyances plus vaste. Ici, les descriptions du monde peuvent être multiples, selon le système de croyances dans lequel on se situe, la vérité est dans la validité du raisonnement. Il s'agit d'une vérité formelle qui est indépendante de la vérité ou fausseté de la formulation elle-même, on dit vrai du raisonnement s'il y a absence de contradiction. Finalement, l'approche (3) pragmatique explique qu'une idée ou théorie est vraie si au moyen d'une technique spécifique et cohérente avec elle, la théorie peut être utilisée pour changer le cours de la nature. Et on postule qu'il y a des vérités d'ordre divers.

Dans l'antiquité, les égyptiens associaient vérité et justice, et les représentaient avec la déesse Mahaat, qui était une des leurs grandes divinités. Mahaat imposait ainsi de l'ordre juste dans le désordre, car elle était la vérité. Cette notion nous conduit à la vérité judiciaire, qui implique l'application d'une règle de droit à des faits litigieux. En justice, se pose aussi une autre vérité, qui est celle de la question de la vérité ou du mensonge d'un témoignage devant la justice ; cette question est aussi ancienne que le droit et a donné lieu à d'innombrables controverses. Ainsi, en l'absence de preuves concrètes, lorsque l'accusation ne repose que sur la parole de la victime présumée, l'intime conviction du juge est le seul élément lui permettant de juger un suspect. Il n'y a plus de vérité mas conviction intime ; en effet, en justice, la vérité doit pouvoir être démontrée, elle ne s'impose pas par elle-même. Ici la vérité est relative et cohérente.

La notion de vérité judiciaire nous approche de la vérité historique. L'histoire est le cours de la vie de l'humanité. Elle est aussi le compte rendu que l'homme en donne. Or, la vérité historique ne se situe pas dans le cours de la vie de l'humanité lui-même, mais dans le récit qu'on en fait. D'où cette magnifique représentation de la vérité sauvée par le temps, comme si le passage du temps pouvait « réparer » (dans le sens de M. Klein).

La vérité scientifique est définie comme une théorie qui est démontrable par des faits observés pouvant être mesurés et reproduits. Ainsi, en sciences, on avance des hypothèses qu'on teste en vue de les valider. Ces hypothèses peuvent être générées par l'observation, par exemple. Pour les tester, on formule une hypothèse appelée « nulle », qui est le contrarie de la formulation choisie pour valider. C'est l'inférence validée qui est dite vraie _ ou non validée, selon les résultats de l'expérimentation. (Popper, K. The Logic of Scientif Discovery, 1934). Mais il faut aussi que ces hypothèses ne soient pas arbitraires, elles doivent avoir un ancrage cohérent.

Dans la démarche scientifique, on a vu, il est important que l'hypothèse puisse être niée (hypothèse nulle) pour ainsi la traiter en vue de la valider. Elle doit aussi pouvoir être reproduite pour ne pas être l'observation ou expérimentation d'une seule personne ou d'un groupe de personnes. Dans cette optique, la vérité s'inscrit comme une approche de correspondance.

Où est la vérité en psychanalyse ? Tout d'abord, je vois ici deux vérités, celle de la théorie, et celle de la dyade thérapeute-patient.

Dans le premier cas, nous ne disposons pas d'une argumentation qui puisse prouver une quelconque légitimité de la psychanalyse à la vérité. A peine quelques expérimentations depuis 30 ans ont essayé de tester l'efficacité de la méthode, et ceci sans résultats concluants. Des démarches neurologiques, de manière directe ou indirecte, ont tenté d'analyser dans le cerveau les locus des topiques freudiennes ou des mécanismes de défense décrits para la théorie psychanalytique, tels le refoulement. De toutes manières, tout comme dans la vérité scientifique, il faut se garder de penser qu'une telle démarche aurait permis d'inférer une certaine vérité de la théorie _ il ne faut pas tirer des conclusions sur une théorie à partir de l'expérimentations et validation de quelques unes de ses hypothèses. On voit que cette vérité-là s'inscrit dans la perspective de la vérité comme cohérence avec un système de pensée vaste, la psychanalyse, il n'y a pas de correspondance avec des faits.

Si on se penche sur la relation analyste-analysant, selon Freud (Freud, S., Construcción en el Psicoanálisis, 1937), la vérité réside dans le travail archéologique auquel le patient se livre pendant son analyse. La vérité historique dans ce contexte, peut être définie comme une pièce perdue de la vie vécue par le patient, pièce accessible seulement à travers le travail psychanalytique. Ainsi, la vérité historique en psychanalyse fait allusion aux origines, à la vie psychique primitive. Cette histoire n'est pas chronologique, car dans la psyché, le passé coexiste de manière désordonnée, chaotique.

Je ne crois pas qu'on ait dévoilé la vérité sur le psychisme, ce qui relativise une autre vérité, celle de la théorie, même si on peut mesurer l'efficacité d'une telle vérité sur le patient. La question métaphysique de la vérité de la psychanalyse, car il s'agit bien d'une question métaphysique, ou le débat sur si la psychanalyse est ou non une science, ne m'intéressent pas. La vérité de l'efficacité et la consistance de ce système me suffisent dans ma pratique ; mon souci est d'améliorer la qualité de vie de celui qui vient me voir avec une souffrance morale et me demande de l'aider.

Il y a, on le voit, des vérités multiples, avec de qualités différentes, mais je crois qu'elle peuvent toutes prétendre à l'autorité conférée à ce qui est vrai. Ce qui compte est le sens que l'on donne à la place de la vérité dans notre vie. La vérité est cette étoile guide et peut être inaccessible, contraire du mensonge.


Vérité et justice : Mahaat, déesse de la vérité et de la justice, Egypte.


La vérité sortant du puits.


Vérité historique : La vérité sauvée par le temps.

Laura Neulat



Je me suis retrouvé par le plus grand des hasards avec une classe de quatrième dans une salle de cours. Je ne savais que trop faire avec eux. C'était un vendredi et ils étaient en vacances scolaires le soir même. Pas beaucoup de travail, l'agitation spontanée était palpable. Je les ai installés, ou plutôt ils se sont installés eux-mêmes avec le choix de non-travail que je ne leur interdisais pas. Cependant, quelque chose m'embêtait dans cette histoire, je ne voyais pas vraiment l'intérêt dans cette situation, de passer le temps en vagabondage, surtout que c'était dans le cadre d'une heure légale de cours et qu'elle nous était gracieusement offerte. Mais que faire ? Lancer un débat ? Non, « trop nul ». Un jeu ? Non, là c'est moi qui ne voulais pas. Cruelle discussion entre moi-même et entre nous…

Quand soudain, le hasard (qui est la forme que prend Dieu pour passer incognito, n'est-ce pas ?) décida une jeune fille, Manon à me demander comment se passait l'écriture de mes articles pour SOS et quel était le thème proposé pour le prochain numéro. L'évidence venait à point nommé. Je devais leur laisser le choix de s'exprimer sur cette vérité qui nous supporte tous.

Pour être honnête et pour être tout à fait franc avec moi-même, je dois reconnaître que je fus saisi d'une joie certaine en laissant librement ces enfants s'exprimer sur le sujet. Aucun préjugé, aucun doute, aucune appréhension quand à laisser libre cours à leur conversation qui ne ressembla pas, il est vrai à un débat d'experts sur France Culture, ni même à une discussion bien ordonnée dans une très respectable et nécessaire famille française, mais plutôt à un débat comme on en voit de temps en temps dans n'importe quel bar entres amis de bon goût.

Je fus pris d'une satisfaction réelle, car je savais que quoi qu'ils puissent en dire, ils me donneraient de la matière (et quelle matière !) à travailler. Ma responsabilité en cet instant était de leur laisser la parole. Les propos qui suivent ont été recueillis dans le feu de l'action. Je leur faisais répéter quand je n'avais ni pu écrire ni retenu les idées qui véritablement fusaient. Leurs paroles spontanées m'ont vraiment surprises, car elles étaient, conforme à mes impressions, sincères et porteuses d'avenir. Je m'excuse avant auprès de ces sept collégiens, élèves de quatrième au lycée La Bruyère Saint Isabelle dans le 14ème arrondissement de ne pouvoir retranscrire leurs pensées avec exactitude, mais je vous prie de croire, chers élèves, que je m'y efforce le plus fidèlement possible. Permettez-moi ici de leur rendre hommage, car c'est à eux Manon, Justine, Pauline, Virginie, Maxence, Lara, Marthe et Théo que cet article se doit d'être écrit. Ce que je vais faire, c'est que je vais l'écrire comme si je le revivais en direct comme je l'ai ressenti. Par ailleurs dû au caractère non-prévu de cet échange, je ne pourrais pas vous remettre leur propos de façon personnelle, mais plutôt de façon générale. Accordez-vous de croire en l'unité de leur message même si, il est vrai, certains sujets lancés n'étaient pas compris ou bien non approuvés par chacun d'entre eux.

Cette conversation a donc débuté un vendredi après-midi après avoir écrit sur le tableau vert foncé à l'aide d'une craie blanche le mot : Vérité.

La première des choses qui sortit d'eux-mêmes fut que la vérité n'est pas toujours facile à dire et, en plus, que c'est elle qui blesse.

« C'est pour cela qu'il y a des choses que l'on a envie de garder pour soi parce que c'est dur à dire. La confiance est importante dans une relation que l'on établit avec quelqu'un, on a parfois peur de se confier et d'exprimer ce qui nous touche. Par exemple dans les secrets de famille. L'enfant sait qu'il y a quelque chose de caché et il ne sait pas de quoi. À qui on peut en parler ? Surtout que l'on ne se sait même pas de quoi il s'agit ! Alors qu'est-ce qu'on fait ? Eh bien ! On se créé une carapace pour justement ne pas faire voir que l'on est touché par cette mise à l'écart. Les gens semblent souvent trop sur d'eux-mêmes, mais au fond sont très sensibles, ils sont aussi touchés par ce genre de comportement et se créent aussi une carapace. Mais à l'intérieur, c'est le bazar !

Quand on n'arrive pas à s'avouer quelque chose, il vaut mieux l'écrire. La vérité c'est souvent quelque chose que l'on ne connaît pas. Parfois, les secrets ou les choses que l'on dit à quelqu'un sont répétés. De toute façon, si nous-mêmes n'avons pas su garder cette parole en nous et que nous avons dû en parler, comment jeter la pierre à la personne qui l'a répétée ? C'est pour ça que c'est mieux de dire la vérité par nous-mêmes plutôt que la personne l'apprenne par quelqu'un d'autre, de dire les choses telles qu'elles sont. Les enfants ne savent pas ce que c'est que mentir ni à quoi ça sert.

La vérité c'est que l'on ne sait pas qui l'on est, c'est quelque chose que l'on ne peut pas expliquer. On se cache des choses à nous-mêmes. On met même plusieurs mois à se l'avouer. La vérité est une réalité que tout le monde doit affronter (« Oooohhh …… » général). Nous sommes lents à croire ce qui fait mal à croire. Si on se le cache pendant un moment, le choc de la révélation est brutal. Parfois, les enfants ne veulent pas savoir la vraie vérité, on ne la connait pas et on n'a pas envie de voir ce côté-là de nous.

La vérité aussi, c'est la peur de la mort. Il n'y a pas de vie sans mort. Justine dit « Moi je n'ai pas peur, parce qu'il n'y a rien qui reste après la mort, on passe, on vit et puis voilà on est parti. Alors non, je n'ai pas peur de la mort. »

Les filles sont plus sensibles que les garçons même s'ils le sont quand même un peu. Une fille pleure sans raison. Les garçons, eux, parlent moins de ce qu'ils ressentent, ils se mettent moins à nu, surtout en groupe!

La religion a été inventée pour que les hommes puissent se rassurer, car en vérité ca ne veut rien dire. C'est l'homme qui a créé Dieu à son image. Si Dieu existait, y aurait-il autant de guerre et de malheur dans le monde ? Les guerres se font à cause des religions. Les guerres sont stupides, car au fond c'est le même Dieu qui nous unit. J'interviens dans le débat : « C'est surement une question de culture, les grandes zones géographiques ont des sources historiques très diverses et les religions qui devaient toucher ces gens ont dû prendre en compte ces différents facteurs socioculturels. »

La religion prenait beaucoup de place avant. C'est comme si la religion chrétienne était restée au Moyen Âge, on a l'impression de vivre il y a 500 ans si on suit la religion. Ma mère rentrait chez elle, elle faisait ses devoirs et elle allait dormir. Mais maintenant c'est différent, les choses avancent beaucoup plus vite qu'avant. On entend souvent : « Avant on était plus sérieux ! », mais les temps changent. Ils étaient tous d'accord pour moderniser la religion d'après une de mes remarques. Dieu est personnifié. Ce n'est plus un enfant. Jésus Christ a écrit un livre et les gens l'ont pris au sérieux. Il n'y a aucun sens dans la vie s'il y avait un paradis, le paradis n'existe pas.

Aussi à l'époque il n'y avait pas de liberté d'écriture. Ce qui aurait été dit comme cela devait l'être, n'aurait pas été accepté, cela aurait été censuré. C'est pour cela que les écrivains l'ont écrit d'une façon imagée. Dieu est mensonge et vérité. C'est idiot de défendre une position anti avortement, le sida se développe de plus en plus. Il faudrait aussi faire campagne pour l'avortement.

De toute façon, les esprits de nos ancêtres reposent en nous. Nous portons leurs traits de caractère et nous les transmettons à notre tour.

Il y a quelque chose d'étrange, c'est que les adultes ne nous croient pas d'écrire ce genre de choses. On nous considère toujours comme des enfants ; on veut nous mettre dans des cases alors que ca devrait être les cases qui devraient s'adapter à nous. On nous prend pour des moutons, on nous croit stupides, ils veulent nous faire manger ce qu'ils veulent.

La vérité est dite par le gouvernement et les journalistes puisent aux mêmes sources. Alors qu'est-ce qui est vrai ? La vérité ou ce qu'on nous dit ? On veut décider pour nous. Par ailleurs, il y a quelque chose que l'on ne comprend pas : c'est pourquoi les garçons ont le droit de sortir plus tard que les filles ? C'est parce que ta maman à peur qu'il t'arrive quelque chose, répond un futur papa… »

Ce sont leurs paroles transmises avec la sincérité présente.

Ici, je m'interroge sur ce que je dois faire de tous ces propos honnêtes, parfois cinglants.

Pour ma part, je dois ajouter que je suis très surpris de la tournure banale que prend la consommation de drogue dans l'univers constamment naissant et renouvelé des ados. J'entends souvent dans la cours du collège, la « normalité » de savoir que tel ou tel chanteur se drogue. L'étiquette « drogue » semble faire parti de plus en plus de l'ambiance formatrice dans laquelle la jeune génération évolue. Je ne me place pas, avec mon jeune âge, plus loin que cette jeune génération, car il est vrai que moi aussi j'ai connu cette atmosphère enivrante que procure cette nouveauté présentée comme un rêve abordable par tous. Je me souviens de ces années où les posters de Bob Marley fleurissaient les murs de ma chambre et de celles de mes amis. On se retrouvait le soir, en écoutant NTM et autre Jimi Hendrix, les cartes de tarot à la main. C'était sympa… Et pis, on fumait des pétards. Je ne veux pas dramatiser la chose, mais seulement expliquer que si je ne m'étais pas arrêté à temps, j'aurais pu aller beaucoup plus loin. J'ai été confronté à ma peine de refuser plusieurs fois de l'ecstasy. J'en prenais quand on partait dans de grosses soirées. C'était assez spécial. Mais un jour j'ai dit non quand la soirée en était réduite à sa plus simple expression : à trois personnes. Je me suis arrêté là. Mais je continuais à fumer beaucoup. Chacun reçoit l'expérience comme il doit la recevoir. Et pour moi, je dois avouer que je la vivais très difficilement. Je me souviens me lever le matin et avoir besoin de fumer. C'était le manque et je cherchais souvent un peu partout où je pouvais en profiter.

Ce que je peux constater ce sont les faits d'aujourd'hui. Et je vois, en tout cas au collège que la drogue se démocratise, devient un fait quotidien banal. Tellement banal que l'on accepte mieux que ça fasse « cool », plutôt que de se confronter à la fuite que représente la prise de drogue. Je ne peux seulement qu'écrire la difficulté que j'ai eu à m'en sortir. Et aussi de mettre en garde que la sincérité d'une vie, ne se gagne pas dans la fuite.

Aujourd'hui ma vérité est d'un ordre bien étrange, d'un goût bien nouveau, de quelque chose qui ne m'avait jamais interrogé. Oui, je dois l'avouer, ces temps-ci sont des instants qui replacent en moi-même quelques passages de lectures auxquels j'avais plus ou moins adhéré. Ce sont ces premières lectures qui m'ont amené à la nécessaire compréhension de moi-même. J'étais d'accord avec tout ce dont j'avais eu accès et qui provenait des connaissances ancestrales et transmises à qui voulait réellement le comprendre. La position que j'adopte aujourd'hui n'est plus celle, qui fut nécessaire auparavant, de laisser résonner en moi ces mots plein de vérité, et de me laisser croire, porter même par les réflexions théosophiques. Mais je dois bel et bien me soumettre à ma vérité expérimentale. Oui, je dois reconnaître qu'il existe deux faces que je ne savais pouvoir cohabiter dans une même maison, je ne pensais qu'elles pouvaient coexister dans le même endroit. Il existe deux côtés d'une pièce et dans mon for intérieur, cette dichotomie s'exerce aussi. Je dois admettre que comme le dit Monsieur Gurdjieff : qu'il existe en l'homme un loup et un agneau. Et que je devrais, d'après la compréhension que j'en ai aujourd'hui, devoir faire les cohabiter, car l'un ne semble pas aller sans l'autre.

Une partie de moi, soumise à l'orgueil, me fait refuser Dieu dans toutes ses manifestations. C'est lui qui, me semble-t-il, dans un rêve me fait décrocher le téléphone, me voir demander : « Dieu dans ta vie, si tu es seul… » Et de répondre : « Non merci, je ne me sens pas seul ». Cette partie qui me pousse à arrêter mon analyse, celle là-même qui me fait rester seul à me considérer pour quelqu'un que je ne suis pas et à me maintenir dans un fantasme.

L'autre partie reflète quelque chose de différent, c'est elle qui me pousse vers Dieu, qui m'incite à ne pas me laisser piéger dans l'indifférence, celle qui aime la vérité, qui me pousse vers la compréhension. L'ombre et la lumière…

Et Moi, où suis-je dans tout cela ? Suis-je assez réduit pour me soumettre au « loup », suis-je autant naïf pour ne voir que l'agneau ? D'ailleurs, serait-il un véritable agneau ? Je suis ni l'un ni l'autre et il semble que je sois aussi, l'un et l'autre à la fois. Je ne veux pas rentrer dans une discussion qui me ferait dévier du thème de ce numéro. Cependant, j'ai l'impression que ce loup est nécessaire pour élargir la conscience de tout être humain. Le jardin d'Eden comportait l'Homme (masculin et féminin), le Serpent et la Conscience suprême : Dieu. L'homme et la femme mangèrent de ce fruit et la conscience leur advint ; ils se sont rendu compte qu'ils étaient nus. Avant ils ne le savaient pas…

Cette nécessité de prendre conscience et d'être conscient est vitale pour que je sache comment et de quoi je suis constitué. J'en suis convaincu aujourd'hui je vais encore et encore devoir me confronter à cet orgueil. Alors soit, que ça se fasse dans la paix, pour que je dise enfin oui à ce coup de téléphone.

J'étais en train de lire un livre sur la folie quand vint se présenter à moi une pensée. Cette pensée matérialisait un monde qui prenait son temps, qui était posé, stabilisé et non-soumis aux règles du marché. Je voyais des gens s'occupant d'eux-mêmes et d'autres et tous ensemble qui contribuaient à faire de l'homme divin la place centrale du but de vie. La technologie n'était pas oubliée, non, elle était au service de chaque individu pour qu'il parvienne en lui-même à faire ce qu'il devait faire avec les possibilités qu'il avait gagnées.

Cette image me semble bien différente des images projetées de l'avenir qui s'étaient construites en moi jusque là. Je me suis aperçu que je m'étais forgé une vision du futur formatée par les certains livres, films ou documentaires que j'avais pu voir jusqu'alors. Par exemple le livre « 1984 » d'Orson Wells ou des films comme « Blade Runner, Matrix » ou encore « Le Cinquième Élément » avaient élaboré un avenir dans lequel l'individu n'était plus aux centres des préoccupations, mais que la seule issue possible pour l'avenir était celle d'une écologie bafouée, d'une décadence morale, d'une technologie qui avait pris le contrôle sur l'être humain. Comme si j'étais formaté pour accepter que l'évolution de la planète et de nous-mêmes n'était conçu qu'à travers les voitures volantes, des appartements entassés, une surpopulation irrémédiable (d'où la nécessité d'aller coloniser ailleurs) et un contrôle toujours plus sécuritaire de cette même population pour le bien être de tous et de chacun. Cette vison réveilla en moi l'évidence que je ne voyais l'avenir que par ces propositions fantasmatiques que nous fournissaient les romans, livres et films de science-fiction. Est-ce là une interprétation purement subjective de ce que j'ai pu lire, entendu et regarder ou est-ce bien une constatation que d'autres font aussi ?

En tout cas, pour moi, c'est une réalité : je ne voyais l'avenir que par l'établissement de ces schémas bien ordonnés. Il n'y avait pas d'autres solutions que celles que j'absorbais à travers ces images. La fiction semble rejoindre à maintes reprises la réalité. Ses deux domaines s'imbriquent de plus en plus dans un seul univers que l'on accepte de plus en plus, car nos fantasmes créés artificiellement se voient faire jour. Quelle jouissance dirait Freud de voir nos propres fantasmes devenir réalité. Quel plaisir pouvons-nous en retirer ! Ce plaisir malheureusement nous fait oublier tout le reste. Nous restons accrochés à ce plaisir, à ce désir de le voir se réaliser enfin, ce fantasme tant attendu.

Ce n'est pas un rêve dont je parle. J'ai vu un jour, tout normalement, une personne avec un casque sur la tête sur lequel brillait une lumière bleue. Je me suis dit qu'il ne lui manquait que la connexion au cerveau en tant que tel pour que cet individu devienne humanoïde.

Cette pensée d'un monde différent qui m'avait été donné de voir allait à l'encontre de mes croyances bien établies. Il y avait dans cette pensée un nouveau système d'organisations qui tend à casser mes visions enracinées. La question est de savoir si je veux n'écouter qu'une seule partie de moi-même (ancienne vision) ou si je veux écouter toutes les composantes qui constituent mon être (ancienne et nouvelle vision) ?

Je me questionne souvent sur la société. Et je refuse souvent d'aller toucher, de me retrouver en lien avec la matière. Le contexte actuel socio-économique et technologique me paraît complètement absurde. C'est la fatalité qui gouverne mes anciennes croyances. Et c'est la foi en l'espérance qui guide mes nouvelles. L'Homme est immense, c'est à lui de se découvrir…

Une de mes vérités : je suis identifié à mon imaginaire.

Erratum du numéro précédent : « La religion est l'opium du peuple » est bien de Marx et non de Freud.

Aurélien Recher



Cherchant des citations sur la Vérité dans internet, je me suis trouvé submergé par des milliers de réponses. Il faut croire que le problème en passionne beaucoup. Tellement même que se lancer dans une étude exhaustive relève de la prouesse.

Quelques citations m'ont cependant parlé. C'est, en premier la réponse désabusée de Ponce Pilate au Christ qui lui a dit « Quiconque est de la Vérité écoute ma voix ! »

Et Pilate, sans même attendre de réponse, car il sait déjà qu'il va condamner le Christ à mort, dit :

« Qu'est-ce que la Vérité ? »

Blasé, Pilate ? Cherche-t-il vraiment à entendre la réponse du Christ ? Même pas ! Il a, à l'évidence, cessé de chercher. Quelque chose est mort en lui ! Une flamme s'est éteinte !

J'ai cherché (peut-être !), je n'ai pas trouvé (c'est sûr !), il n'y a donc rien à trouver ou bien, et c'est tout comme, je ne suis plus capable de trouver. Alors, à quoi bon me fatiguer ! Je me lave les mains. Que puis-je faire d'autre ! Que suis-je capable de faire d'autre ?

Pilate a bien compris que le Christ lui parlait d'une Vérité transcendante, d'une Vérité absolue et il sait que cela lui est inaccessible.

Un autre tout aussi célèbre que Pilate reconnaît aussi l'inaccessibilité de la Vérité, mais d'une autre façon, c'est Gandhi :

« Mon amour même de la vérité absolue m'a fait apprécier la beauté du compromis ! »

Comment s'y retrouver, en effet, dans cette quête si, comme dit Pascal : « Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà ! » sinon en cherchant au moins cette vérité en deçà et en espérant qu'elle me rapprochera de la Vérité transpyrénéenne ?

Je me suis arrêté alors sur cette proposition de Lanza del Vasto :

« La Vérité, c'est le dedans comme le dehors ! »

Je ne sais pas si je mets tout à fait les mêmes intentions que l'auteur, derrière les mots. Mais son approche me paraît très intéressante. Pour lui, me semble-t-il, il s'agit de mettre en accord ses convictions avec ses actes. Il s'agit là, en acceptant par avance les conséquences de ses convictions, d'une vraie philosophie, au sens premier du mot ! Je suis vrai dans la mesure où je refuse le mensonge entre le moi qui pense et qui sent et celui qui agit. Si je suis alors en deçà des Pyrénées, je suis dans la vérité tout autant que celui qui pratique la même forme de philosophie au-delà. Moi chrétien, dit Lanza del Vasto, sûr de ma foi et la vivant jusqu'au bout, dans mon corps et dans mes actes, je t'admets dans la Vérité, toi musulman, juif, bouddhiste libre-penseur, rationaliste ou autre pourvu que tu sois sûr de tes convictions et les mettes en pratique comme je le fais moi-même, pourvu que tu ne sois pas ce Pilate vaincu d'avance qui a cessé de chercher avant d'avoir seulement essayé. La Vérité absolue est loin au-dessus de nous-autres chercheurs, mais nous sommes tous comme ces grimpeurs autour de la montagne qui n'atteindront peut-être jamais le sommet, mais que chaque pas rapproche un peu plus, les uns des autres, dans un compromis d'une grande beauté.

J'ai dit compromis et beauté… Aurais-je oublié de rappeler que Lanza del Vasto était un disciple de Gandhi !

Je suis très attiré et j'ai beaucoup d'admiration pour cette forme de pensée héroïque, mais je ressens aussi beaucoup de perplexité. Car l'accord dont il est question, est souvent douloureux, à base de sacrifices surhumains et d'efforts colossaux pour ne pas tomber dans le jugement et l'intolérance. Et puis encore, si mon « dedans » est faux, parce que mon raisonnement pêche par ignorance ou par maladie physique ou psychique, qu'en est-il de mon « dehors » en accord avec lui ? La dérive est si proche… Je ne peux m'empêcher d'évoquer ces nazis qui commettaient tant d'horreurs, en accord parfait avec leurs convictions. J'ai du mal à parler de vérité à leur propos. La proposition de Lanza del Vasto pêche donc quelque part !

Il me semble cependant possible de trouver un point d'entente en descendant d'un cran à l'intérieur de soi-même, en parlant plutôt du dialogue du conscient avec l'inconscient dans lequel il s'agit de mettre en relation sinon en accord, le dedans et le dehors. Il s'agirait même alors d'une relation entre le dedans et l'intérieur du dedans, si j'ose dire, comme si le dehors était secondaire. S'il y a ce dialogue entre conscient et inconscient, le dehors suivra de lui-même sans effort, mais plus tard, naturellement, sans risque de dérive, comme tombe le masque devenu inutile. Bien sûr, l'entente proprement dite entre conscient et inconscient est souhaitable, c'est le domaine de la Vérité, mais déjà le dialogue dans son cheminement en spirale, rejoint ce fameux compromis si cher à Gandhi. Et je me retrouve alors en plein dans la recherche du SOI.

Je ne me doutais guère en commençant d'écrire cet article que j'en arriverais presque directement à faire un rapprochement entre « le dedans comme le dehors. » de Lanza del Vasto et l'individuation de Jung.

La Vérité n'appartient qu'à celui qui la cherche.

Le SOI n'appartient qu'à celui qui y aspire.

Recherche de Vérité et recherche du SOI, même combat ?

La Vérité, si je mens !

Paul Ruty



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SOS Psychologue



La vérité, l'amour, qu'y a-t-il de plus beau chez un être. Sans vérité il ne peut y avoir d'amour. La vérité c'est la vie même, car sans vérité la vie n'a aucun sens, c'est le néant.

Cela me ramène quelques années en arrière où je connaissais une personne en qui j'avais toute confiance, à qui je pouvais parler sans retenue, je pensais même que cette personne était mon guide ; malheureusement après quelques années, j'ai eu l'occasion à plusieurs reprises de me rendre compte que cette personne mentait, non seulement à moi, mais aussi à d'autres et qu'elle était également capable de jouer la comédie. Ce fut un choc pour moi et je sentais en moi comme quelque chose qui se brisait, c'était fini.

Au plus profond de moi-même je me disais ce n'est pas possible, ça ne peut pas être cela la vie, c'est ce que je sentais dans mes entrailles.

À ce moment je pensais « comment font tous ces gens qui ne vivent que dans le mensonge, comment peuvent ils continuer à vivre, à tenir debout, je savais que c'était quelque chose d'impossible pour moi tout du moins c'est ce que je sentais dans mon être ».

Et pourtant c'est également valable pour moi, car je suis aussi dans l'illusion de la vie donc dans la vérité subjective.

Aujourd'hui je comprends mieux tout cela, l'homme doit être pénétré de la vérité pour être vivant.

La vérité c'est que je veux être tout ce que je suis censée être, mais la vérité est elle plus vaste que ce que je pense ?

Jésus a dit : « Vous connaîtrez la vérité et la vérité vous rendra libres ».

La vérité est dans le mouvement de la vie, elle est le cœur vivant de ce que nous sommes, tels que nous sommes en nous-même, à travers nos actes, nos désirs, nos émotions, elle est dans notre façon de fonctionner dans notre relation avec les autres et avec le monde.

Il n'y a pas une vérité établie reconnue, reconnaissable à tel ou tel critère. Chaque être, chaque événement, chaque situation a sa vérité, vivre sa vérité c'est être libre d'être nous-même.

Peu importent les apparences pourvu que nous soyons fidèles à notre vérité, nous pouvons être sages ou fous, bavards ou silencieux, etc.

La vérité est la voie de l'Être, car elle dit ce qui est. En fait la vérité c'est tout ce qu'il y a, c'est tout ce qui est. Nous tournons le dos à la lumière en faisant semblant.

L'expérience d'être vrai avec soi-même doit être dans l'instant présent de la vie elle-même.

L'être humain ne peut éviter d'être une créature d'habitude, il ne peut que demeurer à son insu prisonnier de ce que son mental construit à partir d'informations incomplètes, ou inexactes transmises par ses organes sensoriels limités.

Il existe une toute autre réalité. Toute vérité réalisée intérieurement n'appartient qu'à celui qui l'expérimente. Il est impossible à l'homme contemporain conditionné, de comprendre que ces vérités intérieures ne peuvent être appréhendées intellectuellement ni démontrées de façon tangible, et, de ce fait, elles lui demeurent inaccessibles.

Ce n'est que par une perception intérieure que l'on peut espérer parvenir à connaître la vraie réalité.

La recherche de la vérité suprême passe par la connaissance de soi. Nous devons d'abord découvrir ce qui n'est pas la vérité, nous devons avoir la faculté de discerner le vrai du faux en nous.

Le tangible est impermanent, changeant alors qu'au contraire la vraie réalité appartient à une autre dimension qui dépasse le temps, l'espace.

La vérité s'offre à qui sait voir, entendre, elle s'offre à la perception directe, là où s'est levé le voile des apparences.

Mais de quel dépouillement l'homme doit il être capable pour que la vérité apparaisse ?

Le monde se complait dans le mensonge, car il entretient une représentation trompeuse de la vérité. Malheureusement l'homme n'abandonne pas aisément son ego et, de ce fait, il demeure dans l'obscurité. Il se garde bien de la lumière du vrai et pour cela il ne sera pas en peine d'artifice et de justification.

Connaître la vérité c'est connaître ce qui est, être conscient de ce qui est.

La vérité mouvante comme la vie en perpétuel devenir exige la pureté de la perception.

Dans ce mot Vérité nous pouvons sentir le respect, la pureté et la grandeur.

Fait à Lagny sur Marne, le 7 mars 2008
Claudine Thomas