NUMÉRO 181 REVUE TRIMESTRIELLE août-septembre-octobre 2019

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Auteur Titre de l'article Título del artículo
 
Pioton-Cimetti, E. Graciela Éditorial Editorial
  Reconnaissance Reconocimiento
 
Bernard, Hervé Reconnaissance
 
Baleani, Eduardo Reconocimiento
 
Delagneau, Philippe La reconnaissance
 
Giosa, Alejandro El reconocimiento
 
Recherche/Investigation Groupe de travail
 
SOS Psychologue Séance d'analyse de rêves de septembre 2019
 
Thomas, Claudine La reconnaissance


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Le rôle de la reconnaissance est un privilège pour le bonheur que nous pouvons répandre autour de nous.
Doctora E. Graciela Pioton-Cimetti



La synesthésie associe une perception sensorielle à une représentation abstraite : le numéro 19 évoque en moi les moments les plus merveilleux de ma vie de femme, car je me suis mariée deux fois le même jour, qui était la date de mariage de mon oncle Edmond et de ma tante, vingt ans avant mon mariage.

Mon oncle et ma tante étaient un couple modèle, dont je reconnais l'importance dans ma vie et dans ma formation. Le nombre éveille en moi la reconnaissance la plus fervente.

***

Le 6 septembre, c'est l'anniversaire de mon père et de mon mari. Le 18 décembre, mon anniversaire, et naissance du premier enfant de ma fille aînée. Le 23 septembre, c'est l'anniversaire de mes deux garçons, avec sept ans de différence. Je suis très reconnaissante pour ma vie, car j'ai pu commencer, continuer, achever et entretenir une grande partie de mes projets. Mais c'était grâce à mon père que j'ai pu faire autant de choses et que je continue avec passion à en faire.

Il y a un seul thème pour moi indéfinissable, mon destin d'épouse, deux fois veuve. Le premier mariage m'a apporté mes enfants, quatre merveilles. Mais aujourd'hui, 23 octobre, n'évoque rien. Mais je crois que c'est le jour de mon éveil et je voudrais qu'il soit un jour bien différent des autres, des réponses aux questions en moi et je me donne un ordre pour bien travailler ce thème-là, la reconnaissance.

***

Mon problème est le suivant : j'observe une dimension de ma vie, que je recherche, mérite la reconnaissance. Le problème est que, dans tous mes actes, ma reconnaissance première est vers Dieu. A la fin, c'est envers lui que je suis reconnaissante.

***

C'était même mon premier mari, qui était si infidèle, qui m'a permis de ne faire confiance qu'à moi-même. Je lui en suis reconnaissante, car après beaucoup de souffrances j'ai pu apprendre à ne faire confiance qu'à moi-même. Romantisme inutile ? Je l'ai connu à quatorze ans et je me suis mariée avant vingt ans. Après je faisais mes études et je travaillais en attendant des enfants.

***

Le deuxième mari était menteur et il a été mon grand amour. Sa mort n'a pas entamé mon amour pour lui. Je lui en suis reconnaissante, car il m'a confirmé que seule la vérité compte. Donc je ne mens pas. Mon père, un homme fidèle, ne mentait pas. Je lui en suis reconnaissante de son modèle, qui est toujours vivant, car il dirige mes pas. Oui, je suis devenue quelqu'un de remarquable, d'honnête. Je dois enfin me reconnaître comme étant le maître de ma vie.

Et merci à Dieu d'ouvrir mes yeux et de m'aider à abandonner ma volonté ordinaire pour aller chercher plus profondément et acquérir une profonde volonté consciente, comme affirme Rumî.

Je m'observe en situation et je m'accorde avec mon contrôle, ma discipline, ma disponibilité, toujours ouvert au doute. Je dis toujours que si le tableau de notre vie présente ressemble à celui de notre passé, sans correction des erreurs nous n'avons pas de futur. Et je corrige le plus possible au présent.

***

Il y a des choses et des êtres qui se sont perdues dans mon passé. C'était des dossiers à laisser. J'ai la reconnaissance pour les espaces vides que ces expériences m'ont laissées.

***

En avance, la nuit arrive, le danger d'une canicule n'est plus ici maintenant. Cela me fait penser aux mythes extrêmes d'Œdipe chauds jusqu'au pourrissement et du Saint-Graal dans la non réponse d'un hiver glacial. Les dernières trente années de ma vie, je crois avoir fait de mon mieux pour changer mon tableau du passé. Ce n'est pas moi qui ai choisi mon apparente solitude, mais la réalité d'un passé peut-être mal accompagné. Je suis reconnaissante pour la possibilité de changer.

C'est tellement évident. Je suis présente à mon présent et je me libère à la découverte des corrections.

Fait à Paris le 23 octobre
avec une profonde reconnaissance envers toux ceux
qui m'ont suivi et me suivent sans violence
et le froid naît.
Doctora E. Graciela Pioton-Cimetti



Le socialisation ou le fait social, sans lequel aucun individu ne peut raisonnablement vivre ou survivre, ne peut fonctionner sans la reconnaissance. Par socialisation, j'entends la possibilité pour des individus de vivre ensemble, avec la capacité de pourvoir à leurs besoins fondamentaux (manger, boire, se protéger de l'environnement, assurer sa sécurité, se maintenir en bonne santé…), d'accéder à sa liberté de mouvement et de pensée et de développer son projet de vie personnel en bon intelligence avec ses proches. La socialisation a permis le développement de la civilisation humaine. Elle se retrouve également sous des formes plus ou moins développées dans les espèces animales. Etre plus fort ensemble pour affronter l'adversité et perpétuer l'espèce !

La reconnaissance de l'autre, c'est le fait d'être vu par l'autre comme un être à part entière, d'être considéré au même niveau, sans aucune discrimination de religion, de race, de genre…, ni jugement particulier, d'être respecté sans a priori pour ses qualités professionnelles, personnelles, morales…

Chacun d'entre nous souhaite être reconnu pour ce qu'il est, pour les valeurs qu'il porte, pour les actions qu'il réalise, pour les projets qu'il construit. Cela commence au sein du cercle familial, depuis la plus petite enfance, avec la relation à la mère, au père et aux éventuels frères et sœurs. Comment un petit être pourrait-t-il grandir normalement s'il n'est pas regardé, écouté, accepté, reconnu par ses parents ? Les faits divers fourmillent d'histoires dramatiques, où un manque flagrant de père ou de mère explique largement les péripéties d'un apprentissage difficile de la vie et d'une socialisation « bancale », voire impossible. Difficile dans ces circonstances de s'en sortir sans un minimum d'aide autour de soi. Une seule personne capable de reconnaître une souffrance initiale, souvent cachée derrière la honte ou un vernis familial trompeur, pourra peut-être sauver cet être d'une vie vouée à l'échec et à la souffrance.

Mais reconnaître l'autre passe souvent par le filtre, ou plutôt le prisme déformant, de nos propres projections et de nos préjugés personnels et communautaires. Cette déformation de la perception de l'autre peut être dû à notre propre difficulté à voir les autres comme ils sont, en raison de nos frustrations, des apprentissages imparfaits que notre éducation et notre environnement nous ont progressivement inculqué, imprégné, mais aussi parfois par réaction inconsciente à l'attitude des autres, quand elle ne parvient pas à accueillir l'autre avec bienveillance, sans préjugé.

La reconnaissance est un dialogue à deux, qui parfois débute sous une bonne étoile, quand chacun y met du sien pour accueillir l'autre, mais qui, à l'inverse, peut rapidement se heurter à un jeu de projections négatives, avec des hauts et des bas, mais toujours difficiles à rattraper.

Quelle peut être la relation entre souhaiter être reconnu et savoir reconnaître l'autre ? S'agit-il simplement d'un miroir entre ces deux situations ?

Bien sûr, celui qui se sent reconnu régulièrement par les autres, avec ses proches dans la construction de sa vie, au quotidien avec les personnes croisées, les collègues, les amis, les connaissances, sera capable, naturellement, de reconnaître l'autre, tel qu'il est.

Mais qu'en est-il de celui qui ressent, souvent inconsciemment, une blessure dans sa recherche d'être reconnu par l'autre ? Ce ressenti peut se traduire, par une difficulté relationnelle, parfois immédiate, mais le plus souvent latente et s'exprimant dans la souffrance et la confusion lors d'épisodes de tension, mais aussi par des sentiments de jalousie, de peur de l'autre, de timidité, ou bien par des réactions de repli sur soi, voire par un complexe de supériorité.

Difficile dans ces conditions de reconnaître l'autre, quand on est soi-même en déficit de reconnaissance de la part de l'autre ! Ce sentiment d'insatisfaction latent parfois enveloppé de toute une série de pulsions, comme la colère, le désir de vengeance,… vient vite remplir l'espace qui se met en place lors de la rencontre avec l'autre pour brouiller la relation. Il faut alors un effort important et une discipline rigoureuse pour maîtriser ses sentiments négatifs et les comportements contre productifs qui les prolongent, pour dépasser cette impression négative, même si habituellement une certaine apparence sociale « positive » a pu néanmoins se construire.

Mais qui ne cache pas une blessure au fond de lui ? Probablement personne, car c'est la condition de notre imparfait d'engendrer des vies plus ou moins chaotiques. Souvent les blessures sont cachées au fond de notre psychisme, car elles touchent les points sensibles de tout notre être, où nous sommes les plus vulnérables. Mais le plus souvent ces blessures agissent inconsciemment dans notre vie de tous les jours, même si un œil averti peut le déceler, comme un psychologue ou un religieux dans l'exercice de son activité professionnelle. Le travail de la reconnaissance pour être capable de reconnaître l'autre et pour se laisser être reconnu par l'autre, devient un travail incontournable pour une société meilleure et pour un niveau de socialisation suffisante pour la réalisation de chaque individu.

Hervé Bernard



La reconnaissance suppose au préalable la présence de la connaissance, une connaissance élaborée à partir de deux lignes d'évolution : la ligne du savoir et la ligne de l'Être. Ces deux lignes évoluent parallèlement, se rejoignent et se soutiennent dans une certaine limite cependant, car tout arrêt de l'une d'entre elles entraine invariablement l'arrêt de la seconde.

Toute interprétation du savoir, d'un événement exclut la partie étrique qui sommeille alors en nous. L'éveil de cette seconde nature nous amène après un long cheminement à la porte de la compréhension qui nous conduit à la connaissance.

Nous pouvons en avoir fait l'expérience en nous et autour de nous. Par rapport à un même savoir, les interprétations sont multiples ou bien, je n'ai plus aujourd'hui la même compréhension de ce savoir que je considérais pourtant tenir pour acquis. Qu'est-ce qui a changé en moi si ce n'est moi-même, cette partie étrique.

L'Être que je suis aujourd'hui et ce nouveau savoir travaillés tous deux par la conscience vont former ce que l'on nomme la connaissance.

La reconnaissance de ce processus intérieur est un premier aspect, je peux reconnaitre en moi ces deux chemins d'évolution, je peux reconnaitre en moi l'élaboration d'une connaissance nouvelle.

Mais la reconnaissance étrique va bien au-delà. Le chemin pour la recherche d'une conscience plus éveillée nous pousse à vouloir reconnaitre ce qui en est la source.

De ce point de vue, la reconnaissance, c'est vouloir donner un sens à la connaissance et cette quête nous renvoie toujours à la source.

Cet appel du sens nous invite à remonter aux Sources, un auteur, une connaissance, un courant de pensée, une philosophie, un enseignement, peut-être jusqu'à Dieu lui-même Cette reconnaissance s'inscrit dans un courant de filiation particulier. Je ne me suis pas construit seul, je ne pourrai pas être celui que je reconnais être aujourd'hui.

Pour illustrer la quête du sens et la reconnaissance qui l'accompagne dans nos manifestations j'ai souhaité à titre d'exemple intégrer le témoignage d'une compagne de travail.

« Après la lecture de cette semaine, je me suis dit que ma vie avec les challenges de travail et ma situation familiale est un cadeau pour apprendre à être ouverte et attentive, pour bien travailler sur moi et garder cette énergie plus fine pour ne pas être déstabilisée. C'est une attention qui nous aide à nous apaiser et à rester stable. »

Oui, soyons aussi reconnaissants des obstacles que la vie met sur notre chemin. Et là encore pour une juste compréhension, la reconnaissance du sens est la clé de la compréhension : Est-ce que j'aime mon père. Oui, certainement à partir d'une sensibilité et d'un sentiment plus élevé, il m'a donné la vie, je me sens relié à lui par la vie. Est-ce que j'aime ce que manifeste cet homme ? Non, mais c'est autre chose, nous ne parlons pas du même monde.

Et pour conclure, je souhaite intégrer dans cette article le propos d'un philosophe et psychologue empirique M.D. qui tout comme le témoignage de ma compagne de travail résonne en moi.

« L'axe de l'attention est un canal qui met en relation les deux mondes. Je ne peux le percevoir qu'à travers une sensibilité plus fine, un sentiment nouveau. Reconnaître ces mondes, c'est reconnaître que quelque chose existe qui n'existait pas auparavant.

Sans conscience, ces forces qui agissent en nous ne nous transforment pas. Essayons chaque jour de reconnaître en nous quelque chose qui émane de ces deux mondes. Le plus haut et le plus bas se mettent en relation à travers moi, la respiration les met en relation. »

Écrit à Chessy, le 27 octobre 2019
Philippe Delagneau



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SOS Psychologue



Je ne me sens pas très inspirée par ce thème. Je me dis : Que vaut ma reconnaissance ? Suis-je assez éveillée pour avoir une vraie reconnaissance ?

Je peux être reconnaissante envers mes parents de m'avoir donné la vie, mais suis-je réellement reconnaissante envers eux de cette vie qu'ils m'ont donnée ?

Je suis reconnaissante envers ceux qui m'ont guidé sur un chemin d'évolution, qui m'ont enseigné et qui ont influencé ma vie pour toujours.

La reconnaissance est un sentiment spontané, sans obligation, sans mensonge, c'est un sentiment d'amour pur et qui ne peut intervenir que si nous sommes dans la réalité et non dans l'endormissement. Cela me rend triste lorsque je pense à tous ces oublis.

Nous vivons dans une société vide de sens, vide de valeurs, où le sommeil règne en maître. Que pouvons-nous attendre de cette société si ce n'est sa perte. Il ne peut donc y avoir de la reconnaissance, car il n'y a pas de conscience.

Vivre et marcher dans la reconnaissance implique une part d'humilité.

J'ai de la reconnaissance envers Dieu, mais que vaut-elle ? Je lui demande de l'aide pour n'oublier aucun de ses bienfaits, ne jamais oublier qui il est.

Lorsque nous contemplons Dieu et souhaitons découvrir ce qu'il est, nous ressentons l'envie de reconnaissance envers lui, car il est notre Créateur. Le plus important est de placer notre foi en lui et c'est cette foi qui nous amène à entrer dans une profonde reconnaissance.

Fait à Chessy, le 18 Octobre 2019
Claudine Thomas